RSF considère comme une atteinte au droit d'informer et d'être informé la nouvelle loi promulguée par le gouverneur de Floride, empêchant toute publication de photos, vidéos ou enregistrements sonores relatifs à une affaire d'homicide.
(RSF/IFEX) – le 14 juin 2011 – Reporters sans frontières considère comme une atteinte au droit d’informer et d’être informé – et donc à la Constitution – la nouvelle loi promulguée le 2 juin 2011 par le gouverneur de Floride, Rick Scott, empêchant toute publication de photos, vidéos ou enregistrements sonores relatifs à une affaire d’homicide. L’organisation demande au gouverneur, connu pour entretenir des relations souvent tendues avec les médias, de revenir sur cette législation et de faciliter l’accès à des informations d’intérêt public.
« L’accès de la presse au cabinet du gouverneur semblait s’améliorer depuis quelques temps. Or, la nouvelle législation réduit gravement la capacité d’enquête des médias comme elle prive les citoyens d’éléments nécessaires à la manifestation de la vérité dans ce type d’affaires. Cet épisode ruine également les efforts de rapprochement entre les médias et l’exécutif local. Il s’agit d’une atteinte à la liberté d’information et donc d’une violation du premier amendement de la Constitution des Etats-Unis d’Amérique », a déclaré Reporters sans frontières qui plaide pour un réexamen urgent du texte.
« Je ne pense pas que l’on mesure l’ampleur de cette situation. Nous devrions pouvoir juger de l’action de nos forces de l’ordre à travers des vidéos d’arrestation ou des transcriptions d’appels d’urgence, en particulier quand quelqu’un est victime de meurtre », nous a déclaré, le 8 juin dernier, Barbara A. Petersen, présidente de la Fondation pour le premier amendement.
En février dernier, Reporters sans frontières s’était entretenue avec des journalistes floridiens et des défenseurs du droit à l’information qui qualifiaient alors de « problématique » les pratiques de Rick Scott et de son administration vis-à-vis des médias. Certains d’entre eux ont depuis noté des changements encourageants, bien qu’insuffisants, dans l’attitude du gouverneur.
David Royse, directeur du News Service of Florida, avait évoqué le « contentieux » sur l’accès à l’information. Il reconnaît aujourd’hui des améliorations. « Il y a davantage d’accès », a-t-il assuré à Reporters sans frontières. Tout en considérant que l’accès à l’information reste « lent et cher », David Royse note que l’administration Scott n’a plus recours à une sélection des journalistes comme auparavant, et que le gouverneur a lui-même accordé des interviews.
Pour Mary Ellen Klas, directrice du bureau de Tallahassee – capitale de l’État – du quotidien Miami Herald, « [Scott] et son cabinet se sont rendus plus disponibles. Mais les difficultés demeurent en raison du contrôle public sur l’information et l’ordre donné aux responsables d’administration de ne pas parler aux médias ». Michael Bender, journaliste du service politique du St. Petersburg Times, a confié à Reporters sans frontières « qu’il y a du progrès, même si ces avancées sont peu significatives depuis le début de l’administration Scott ».