(RSF/IFEX) – Ci-dessous, un communiqué de presse de RSF daté du 8 mars 2000: L’AMJ et RSF dénoncent les nombreuses irrégularités qui marquent le procès de deux journalistes Dans deux lettres adressées respectivement à Javier Elichiguerra, Procureur général de la République et Manuel Quijada, président de la Commission de restructuration du pouvoir judiciaire, l’Association mondiale […]
(RSF/IFEX) – Ci-dessous, un communiqué de presse de RSF daté du 8 mars 2000:
L’AMJ et RSF dénoncent les nombreuses irrégularités qui marquent le procès de deux journalistes
Dans deux lettres adressées respectivement à Javier Elichiguerra, Procureur général de la République et Manuel Quijada, président de la Commission de restructuration du pouvoir judiciaire, l’Association mondiale des journaux (AMJ) et RSF ont exprimé leur préoccupation devant les « nombreuses irrégularités qui continuent de marquer le procès » de Faitha Nahmens et Ben Ami Fihman, journaliste et directeur du mensuel Exceso dont la prochaine audience doit se tenir le 15 mars 2000. Les deux organisations internationales ont demandé aux deux responsables « de (se) saisir de ce dossier et de (se) prononcer sur les irrégularités du procès ». RSF et l’AMJ ont également demander au Procureur général « d’annuler l’ordre d’arrestation qui pèse encore sur les deux journalistes ».
Lors de la dernière audience, le 9 février, le juge avait illégalement ordonné l’arrestation des deux journalistes pour les contraindre à comparaître. Faitha Nahmens et Ben Ami Fihman ne s’étaient pas présentés, la procédure de convocation n’ayant pas été respectée. Un mandat d’arrêt est toujours en vigueur contre ces derniers.
De plus, d’après le code de procédure criminelle, les poursuites judiciaires auraient dû être abandonnées depuis le 12 février 1999. En effet, d’après ce texte, l’action en justice n’ayant pas abouti à cette date, elle tombe sous le coup d’une prescription. Les avocats des deux journalistes ont déposé un recours, mais, saisi de cette affaire, le juge José Luis Irazu a affirmé que le tribunal ne devait se prononcer sur la prescription qu’après le procès. Et c’est sans même attendre l’aboutissement de cette procédure d’appel que les audiences des 9 février et 15 mars 2000 ont été fixées, en violation du Code pénal. Autre irrégularité : l’acte d’accusation avait été présenté par les plaignants en dehors du délai légal et ne mentionnait pas les extraits de l’article considérés comme « diffamatoires » ou « injurieux ».
Par ailleurs, les deux organisations attirent l’attention sur le fait que trois des juges en charge de ce dossier ont été destitués par la Commission de restructuration du pouvoir judiciaire pour avoir commis des irrégularités dans des affaires précédentes. L’Association mondiale des journaux et Reporters sans frontières s’étonnent également que des poursuites aient été engagées contre le mensuel alors que les informations contenues dans l’article incriminé provenaient de sources policières ou avaient été publiées dans d’autres médias sans que ces derniers soient inquiétés.
La plainte pour « diffamation » a été déposée contre Faitha Nahmens et Ben Ami Fihman suite à la publication, en juin 1997, d’un article sur le meurtre d’un commerçant par des tueurs à gages. Les deux journalistes risquent une peine de six à trente mois de prison et une amende de 100 millions de bolivars (177,000 euros).