Tout en prenant acte de la rare célérité des enquêteurs et des autorités judiciaires dans cette affaire, RSF ne saurait se satisfaire d’un verdict qui ne dit rien du mobile de l’assassinat d’Argemiro Cárdenas Agudelo.
(RSF/IFEX) – Le 3 avril 2012 – Arrêté trois jours après les faits, John Alexander Jaramillo a reconnu être l’auteur de l’assassinat du directeur de la station communautaire Metro Rádio Estéreo Argemiro Cárdenas Agudelo, le 15 mars 2012 à Dosquebradas. Le jeune homme, âgé de vingt-quatre ans, a été condamné, le 31 mars, au double motif d’“homicide” et “port d’arme illégal” à une peine de vingt-et-un ans, deux mois et quinze jours de prison. Le condamné a avoué avoir perçu la somme d’un million de pesos (environ 560 dollars) pour tuer le journaliste. Demandant pardon pour son crime, il a néanmoins assuré tout ignorer de l’identité de sa victime, personnalité reconnue localement et ancien maire de Dosquebradas.
Tout en prenant acte de la rare célérité des enquêteurs et des autorités judiciaires dans cette affaire, Reporters sans frontières ne saurait se satisfaire d’un verdict qui ne dit rien du mobile de l’assassinat d’Argemiro Cárdenas Agudelo. Comme souvent en pareil cas, l’arrestation d’un auteur matériel, souvent jeune et ignorant tout du fond de l’affaire dans laquelle il est impliquée, ne permet pas de conclure à une victoire contre l’impunité. Argemiro Cárdenas Agudelo a-t-il été tué en raison de ses activités radiophoniques ? La question reste posée.
Ce verdict a suivi de peu l’assassinat d’un autre journaliste, à Sabanalarga, le 29 mars dans le département d’Atlántico. Abattu par deux tueurs circulant à moto, Jesús Martínez Orozco, 42 ans, était employé par la radio privée locale La Nueva, où il animait des programmes à caractère exclusivement culturels. Il n’avait reçu aucune menace préalable et certaines sources penchent déjà l’hypothèse d’une “erreur sur la personne”.