Une décision controversée rendue contre un politicien d'opposition a soulevé un débat au sein de la société malaisienne et entraîné l'incarcération d'au moins une personnalité critique du gouvernement.
Une décision controversée rendue à l’encontre d’un politicien d’opposition a soulevé un débat au sein de la société malaisienne et entraîné l’incarcération d’au moins une personnalité critique du gouvernement qui enquêtait sur des accusations de sédition.
Le mardi 10 février 2015, le plus haut tribunal de la Malaisie rejeté l’appel interjeté par le dirigeant d’opposition Anouar Ibrahim, condamné pour sodomie. Il a été immédiatement incarcéré afin de purger la peine de cinq ans d’emprisonnement à laquelle il a été condamné en mars 2014.
Blogue : Je ne me laisserai pas réduire au silence, je vais me battre et je ne me rendrai jamais : Déclaration d’Anouar Ibrahim après… http://t.co/g8IPAKX9j5 #fb
— Anouar Ibrahim (@anwaribrahim) 10 février 2015
Étoile montante du parti au pouvoir au milieu des années 1990 avant d’encourir la défaveur du premier ministre de l’époque Mahathir Mohamad, Anouar réfute l’accusation qui a entraîné sa deuxième condamnation pour sodomie, qu’il qualifie de pure fabrication destinée à mettre fin à sa carrière politique.
Human Rights Watch s’est fait l’écho des préoccupations quant aux motifs politiques qui se cachent derrière ce procès. Le jugement dépouille Anouar de son siège au Parlement fédéral où il dirige la coalition d’opposition Pakatan Rakyat, indique HRW, et il lui est interdit de se porter candidat à quelque poste électif que ce soit pendant les cinq années qui suivront sa remise en liberté. De nombreux observateurs estiment que l’interdit de toute activité politique pendant cinq ans, ajouté à sa peine d’emprisonnement, signifie dans les faits la fin de la carrière politique d’Anouar.
D’autres critiques se font entendre et font part de leur inquiétude à propos de l’indépendance de la magistrature et de l’empressement avec lequel le gouvernement a réagi au jugement.
« En quelques minutes ! Aurait-il pu avoir été mis au courant à l’avance ? @sumishanaidu: La déclaration du gouv. malaisien sur sa @anwaribrahim culpabilité est intervenue quelques minutes après l’annonce du verdict »
— Sharaad Kuttan (@SharaadKuttan) 10 février 2015
Le gouvernement du Premier ministre Najib Razak a rejeté toute allusion à de l’ingérence dans cette affaire. « La Malaisie est dotée d’une magistrature indépendante, et de nombreux jugements ont été rendus contre des personnages importants du gouvernement », a-t-il déclaré après le jugement.
Effort concerté pour contrôler la discussion
Dans le sillage du verdict sur l’affaire Anouar, faire taire l’expression n’est pas avisé, a déclaré le Centre pour le journalisme indépendant (CIJ), basé en Malaisie . L’organisation invite toutes les parties à conserver un discours ouvert et non violent afin que les enjeux soient débattus et discutés, au lieu de tout arrêter et de tout enterrer.
Le CIJ répondait aux menaces de mesures contre ceux qui sont réputés avoir enfreint la Loi sur la sédition et d’autres lois restreignant la liberté d’expression. L’Inspecteur-général de la police a déclaré que la police enquêterait sur le député Nga Kor Ming à cause d’un tweet dans lequel il demandait au public de s’opposer au régime despotique, sur le caricaturiste Zunar pour un tweet dans lequel il faisait allusion aux libéralités accordées par les maîtres politiques, et sur Rafizi Ramli à cause du dessin qu’il a fait d’un juge.
L’arrestation de Zunar a été dénoncée parARTICLE 19 comme une attaque contre la libre expression « et comme une tentative pour faire taire la critique légitime du gouvernement, autant en ligne que partout ailleurs. »
Le fait de poursuivre les gens parce qu’ils critiquent les autorités gouvernementales ou la magistrature contredit directement toute les prétentions à la démocratie et à la reddition de comptes de la part du gouvernement, rappelle le CIJ.