Le journaliste Raed Al Joubouri a été retrouvé mort le 5 mai, tué par des balles, dans son domicile à l'est de Bagdad. Quelques jours plus tôt, le journaliste Thaer Alali a été tué après avoir été enlevé par le groupe EI.
Cet article a été initialement publié sur rsf.org le 11 mai 2015.
RSF est vivement préoccupée par l’assassinat du journaliste Raed Al-Joubouri, abattu par balles le 5 mai à son domicile à Bagdad par des inconnus. Quelques jours plus tôt, le journaliste Thaer Alali a été tué après avoir été enlevé par le groupe EI. La situation des journalistes dans le pays est aujourd’hui problématique au vu de l’insécurité ambiante et de l’impunité généralisée.
Le journaliste Raed Al Joubouri a été retrouvé mort le 5 mai dernier, tué par des balles, dans son domicile dans le quartier de Qadissiyah à l’est de Bagdad. Journaliste pour le journal Azzaman, il présentait également une émission économique sur la chaîne Al Rasheed. Les circonstances de cet assassinat ne sont pas clairement établies. Raed Al-Joubouri aurait été tué par plusieurs balles, dont une au cœur. Selon le père de la victime, en contact avec le JFO, sa mort est un assassinat prémédité et organisé. Connu pour ses critiques de la politique du pays, le journaliste craignait pour sa vie, à tel point qu’il avait laissé à ses proches une liste de contacts à prévenir si jamais quelque chose lui arrivait, d’après Ziad Ajili, directeur du Journalistic Freedoms Observatory (JFO).
Le journaliste Thaer Alali, 56 ans, rédacteur en chef du journal local ‘ Rai’ al Nas ‘, a lui été tué par le groupe Etat islamique à Mossoul le 28 avril, 20 jours après avoir été enlevé alors qu’il se trouvait dans un café dans le quartier de Al-Dawasa et passait des appels téléphoniques. C’est le second journaliste à être tué en public par le groupe EI selon le JFO cette année, après le journaliste Qais Talal, 27 ans, correspondant pour la chaîne Sama Mosul, enlevé en juin 2014 puis éliminé le 18 février 2015.
Reporters sans frontières dénonce cet acharnement contre les journalistes en Irak. “La situation en Irak est extrêmement difficile pour les professionnels des médias. Cette série noire d’assassinats de journalistes doit s’arrêter et ceux qui les ont perpétré et commandité tenus responsables de leurs crimes de guerre. RSF demande à ce qu’une enquête soit menée par les autorités irakiennes pour identifier les coupables de ces meurtres, et notamment du dernier en date, celui du journaliste irakien Raed Al Joubouri”, déclare Lucie Morillon, directrice des programmes de l’organisation.
RSF a également appris avec une grande tristesse la récente mort du journaliste Ammar Al-Shahbander, chef de mission en Irak de l’Institute for War and Peace Reporting (IWPR) tué le 2 mai dans une explosion à la voiture piégée à qui a fait environ 17 morts. Son collègue Emad Al-Sharaa a été grièvement blessé.
Le 6 mai, Majed Al Rabi’i, journaliste pour la chaîne Al-Masar TV, est décédé après avoir succombé à ses blessures dans un hôpital de Bagdad. Il avait été gravement blessé le 29 avril alors qu’il accompagnait les forces de sécurité irakiennes pour couvrir les affrontements avec le groupe EI dans la ville de Garma à l’est de Fallujah, dans la province d’Anbar.
Le 23 janvier, Ali-Al Ansary, journaliste pour la chaine irakienne Al Ghadeer, a été tué alors qu’il couvrait les affrontements entre les forces de sécurité irakiennes et le groupe EI dans la province de Diyala, au nord de l’Irak.
RSF a lancé une initiative demandant au Conseil de Sécurité des Nations unies de déférer la situation en Irak et en Syrie à la Cour Pénale Internationale (CPI), et notamment les crimes commis contre les journalistes.
L’Irak figure à la 156e place (sur 180) du Classement 2015 établi par Reporters sans frontières.