(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée à Javier Elichiguerra, procureur général de la République, RSF a protesté contre le placement en résidence surveillée de Pablo Lopez Ulacio, directeur de l’hebdomadaire « La Razon », et l’interdiction qui lui a été faite de publier des informations sur Multinacional de Seguros, une société d’assurance qui a intenté un procès […]
(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée à Javier Elichiguerra, procureur général de la République, RSF a protesté contre le placement en résidence surveillée de Pablo Lopez Ulacio, directeur de l’hebdomadaire « La Razon », et l’interdiction qui lui a été faite de publier des informations sur Multinacional de Seguros, une société d’assurance qui a intenté un procès pour diffamation contre l’hebdomadaire. L’organisation a demandé au magistrat de mettre en oeuvre tous les moyens à sa disposition afin que ces mesures soient annulées. Tout en soulignant que RSF « désapprouve les refus répétés de Pablo Lopez Ulacio de se présenter aux audiences de son procès », Robert Ménard, secrétaire général de l’organisation, a déclaré qu' »en aucun cas, ce comportement ne saurait justifier le placement en résidence surveillé du journaliste ». Enfin, RSF a rappelé que l’interdiction faite à Lopez Ulacio de publier des articles sur Multinacional de Seguros viole l’article 58 de la Constitution qui proscrit la censure.
Selon les informations recueillies par RSF, la police judiciaire a appréhendé Lopez Ulacio sur ordre du juge David Pérez Perera, le 8 juillet 2000, dans un hôtel du quartier de Campo Alegre, à Caracas, pour le placer en résidence surveillée à son domicile. La décision du juge était motivée par le refus répété de Lopez Ulacio de se présenter aux audiences de son procès. Le directeur de « La Razon » est poursuivi pour diffamation par l’entreprise Multinacional de Seguros. L’hebdomadaire avait publié des articles dénonçant des irrégularités supposées dans l’obtention de marchés publics par cette entreprise. Le 22 juin, le juge Pérez Perera avait déjà interdit à Lopez Ulacio de continuer à publier des articles sur Multinacional de Seguros. Le directeur de l’hebdomadaire a refusé jusqu’à ce jour d’appliquer cette décision, considérant qu’elle viole l’article 58 de la Constitution, qui reconnaît le droit des citoyens à une information « sans censure ».
Le juge Pérez Perera pourrait être dessaisi du dossier après que, le 10 juillet, l’Inspection des tribunaux, une instance disciplinaire au sein du pouvoir judiciaire, a demandé la révocation du magistrat pour « partialité ». Cette administration a recensé plusieurs irrégularités qui « mettent en cause la compétence professionnelle et la connaissance juridique du magistrat ». La Commission de restructuration du pouvoir judiciaire, une autre administration, se prononcera sur cette requête après avoir entendu Pérez Perera.