ARTICLE 19 lance "Le Droit de bloguer", un nouveau document de politique générale qui appel les législateurs à mieux promouvoir et protéger les droits des blogueurs au niveau national et international.
Le 3 mai 2013, à la Conférence Internationale pour la Journée Mondiale de la Liberté de la Presse 2013 de l’UNESCO, ARTICLE 19 a lancé Le Droit de bloguer, un nouveau document de politique générale qui appel les législateurs à mieux promouvoir et protéger les droits des blogueurs au niveau national et international. » Le Droit de bloguer » donne également des conseils pratiques aux blogueurs à propos de leurs droits et explique comment – et dans quelles situations – les blogueurs peuvent invoquer certains privilèges et défenses que les journalistes traditionnels considèrent comme vital pour l’intégrité de leur travail.
» Les blogs jouent un rôle fondamental dans la libre circulation de l’information mondiale et sont un véritable exemple de la démocratisation de l’édition en ligne « , commente Agnès Callamard, Directrice Exécutive d’ARTICLE 19.
» Au 21ème siècle, beaucoup de blogueurs prendront leur place de ‘chiens de garde’, aux cotés des medias traditionnels. La communauté internationale et les états individuels doivent protéger les blogueurs, à l’instar de la protection qu’ils ont développée pour les medias traditionnels. La même protection doit être fournie aux blogueurs. Le Droit de Bloguer développé par ARTICLE 19 offre des recommandations sur comment cela doit être fait en pratique « , ajoute Callamard.
Au cours des deux dernières décennies, l’Internet a transformé la façon dont nous communiquons. Alors que la presse écrite et la diffusion radiophonique et télévisuelle ont été pendant longtemps les sources principales d’information, l’Internet a donné à chacun la possibilité de publier instantanément ses idées, informations et opinions au niveau du monde entier.
Les Blogs et les médias sociaux désormais rivalisent avec les journaux et la télévision en tant que sources primordiales d’information. L’émergence de ces nouvelles formes d’expression en ligne a remis en question la définition même du journalisme et des médias dans l’ère numérique.
Cela soulève des questions difficiles. Comment ces activités de blogueurs peuvent-elles être réconciliées avec les modèles existants de régulation des médias ? Les blogueurs devraient-ils être soumis aux mêmes standards que les journalistes professionnels ? Dans quelles circonstances les blogueurs peuvent-ils être tenus responsables de ce qu’ils publient sur Internet ? Doivent-ils bénéficier des mêmes sortes de programmes de protection qui sont généralement disponibles pour les journalistes professionnels afin d’empêcher qu’ils soient agressés physiquement ? Comment cela peut-il fonctionner ?
Le Droit de Bloguer offre des réponses à toutes ces questions et autres plus complexes en s’appuyant sur les standards internationaux de la liberté d’expression.
Le Droit de Bloguer soutient qu’il n’est désormais plus approprié de définir le journalisme et les journalistes par référence à certaines formations, ou affiliation à une entité journalistique ou à un corps professionnel. Le droit international des Droits de l’homme doit protéger les blogueurs comme il protège les journalistes.
Le Droit de Bloguer propose des solutions afin de répondre aux questions centrales que les blogueurs peuvent rencontrer, notamment en ce qui concerne :
* L’obligation éventuelle dans certains pays d’obtenir une licence afin de pouvoir publier en ligne
* L’inscription avec un nom réel (par opposition à l’anonymat)
* Les demandes d’accréditation
* La protection des sources
* La protection contre toute forme de violence
* Le régime de la responsabilité légale
* La Responsabilité éthique
Pourquoi Le Droit de Bloguer est-il important ?
Le Droit de Bloguer est de plus en plus nécessaire au vu des nombreux cas récents de violations des droits des blogueurs.
* Au Brésil, ARTICLE 19 a documenté les cas de violence contre les journalistes et défenseurs des droits de l’homme. Les cas les plus sérieux de violence contre les journalistes sont dirigés contre les personnes dont les blogs connaissent le plus de succès (44%). Parmi ceux-ci figure notamment le meurtre du bloggeur Décio Sáon le 23 avril 2012 a São Luís. Sáon dénonçait dans son blog les relations entre les préteurs sur gages et les hommes politiques. D’autres blogueurs ont reçus des menaces de mort en 2012 notamment Neto Ferreira, Gilberto Leda, Júlio César de Lima Prates, Gerlice Nunes, Armando Anache and Marico Rangel.
* En Tunisie, en mars 2013, Olfa Riahi, blogueuse et professeure a l’université était inculpée de diffamation criminelle et d’infraction visant à « nuire aux autres ou perturber leurs vies à travers les réseaux de communication publics » après avoir posté des informations sur des allégations d’abus de fonds publics par un ancien ministre des affaires étrangères, Rafik Abdessalem, avant de quitter son poste. Elle encourt une peine d’un à deux ans de prison et une amende pouvant aller jusqu’à 1000 dinars.
* Au Bangladesh, le blogueur Asif Mohiuddin, dont le blog a été élu meilleur blog d’activisme social par la Deutsche Welle Best Blog Awards 2012, a été brutalement attaqué par des auteurs non-identifiés en Janvier 2013. La police découvrit plus tard qu’il avait été attaqué pour ses écrits, sur les instructions d’un extrémiste religieux. En Mars 2013, la Commission de Régulation des Télécoms du Bangladesh a demandée à ce que somewhereinblog.net – la plus large plateforme de blogging – supprime le blog de Mohiuddin de leur site. La plateforme a obtempéré.
* Au Tchad, Jean Laokolé, auteur d’un des blogs les plus populaires du pays, a été arrêté en Mars 2013 par les forces de sécurité à N’Djamena, la capitale tchadienne. Il est détenu depuis sans procès dans un endroit tenu secret. Sur son blog Laokolé critiquait régulièrement la corruption, la gouvernance médiocre et le népotisme dans le pays.