"RSF demande que toute la lumière soit faite sur la disparition de Amir Hamed, et celle des nombreux journalistes toujours portés disparus en Syrie... L'ensemble des forces en présence sont responsables du sort des personnes arrêtées sur les territoires sous leur contrôle."
Cet article a été initialement publié sur rsf.org le 11 janvier 2019.
RSF demande de faire toute la lumière sur le sort du journaliste-citoyen Amir Hamed, dont ses proches n’ont plus aucune nouvelle depuis cinq ans.
Journaliste-citoyen de Derbassiyeh (nord-est de la Syrie, région d’Hassaké – Kurdistan syrien) et activiste, Amir Hamed, a été enlevé le 11 janvier 2014 par des hommes armés, alors qu’il se trouvait chez lui avec quatre camarades. Trois de ses amis ont été relâchés, mais Amir est resté introuvable, selon son frère Massoud Hamed, qui est également journaliste, et lauréat du prix RSF cyberliberté (2005). Les proches d’Amir pensent qu’il a été enlevé par les Unités de protection du peuple (YPG), à savoir les forces armées du gouvernement provisoire autonome kurde. A l’époque, ces dernières ont nié le détenir. Un porte-parole des YPG a indiqué ce jour à Reporters sans frontières (RSF) qu’il lui faudrait du temps pour se renseigner sur la question.
« RSF demande que toute la lumière soit faite sur la disparition de Amir Hamed, et celle des nombreux journalistes toujours portés disparus en Syrie, déclare Sophie Anmuth, en charge du bureau Moyen-Orient à RSF. L’ensemble des forces en présence sont responsables du sort des personnes arrêtées sur les territoires sous leur contrôle. »
D’après Massoud Hamed, son frère filmait depuis 2011 les manifestations anti-Bashar el Assad et fournissait images et informations à différents médias et journalistes. Il était également devenu responsable média de plusieurs mouvements kurdes révolutionnaires.
En 2011, les forces du gouvernement syrien l’avaient arrêté quelques jours en raison de ses différentes activités.
Des dizaines de journalistes syriens sont toujours portées disparues aujourd’hui dans différentes régions de Syrie. Pour la majorité, il s’agit de journalistes qui ont été arrêtés par les forces du régime syrien, et dont la trace se perd ensuite en détention. L’année dernière, le gouvernement de Bashar al Assad, en mettant à jour l’état-civil, a reconnu la mort en détention de centaines de disparus, dont celle notamment du journaliste Niraz Saied. D’autres ont été enlevés par des groupes armés. Leur sort reste à ce jour inconnu. C’est le cas par exemple de Razan Zaitouneh, enlevée en 2013 vraisemblablement par le groupe Jaysh al Islam, ou de Mohamed Nour Matar et des trois collaborateurs de la chaîne Orient, kidnappés par Daesh en 2013.
La Syrie occupe la 177e place sur 180 au Classement mondial de la liberté de presse 2018 établi par RSF.