(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au ministre de l’Intérieur, Abelardo Colomé Ibarra, RSF a protesté contre le harcèlement dont est victime Raúl Rivero, directeur de Cuba Press et professeur à la Société de journalistes Manuel Márquez Sterling. « Cette nouvelle attaque contre la Société de journalistes Manuel Márquez Sterling est inadmissible », a dénoncé Robert Ménard, […]
(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au ministre de l’Intérieur, Abelardo Colomé Ibarra, RSF a protesté contre le harcèlement dont est victime Raúl Rivero, directeur de Cuba Press et professeur à la Société de journalistes Manuel Márquez Sterling. « Cette nouvelle attaque contre la Société de journalistes Manuel Márquez Sterling est inadmissible », a dénoncé Robert Ménard, secrétaire général de RSF. « Raúl Rivero est victime d’un véritable harcèlement de la part des autorités cubaines », a-t-il ajouté. L’organisation a demandé au ministre de « cesser de poursuivre Raúl Rivero et Blanca Reyes, son épouse » et de « mettre fin aux pressions exercées sur les membres de la Société de journalistes Manuel Márquez Sterling ». RSF avait déjà protesté le 2 novembre 2001 contre ces dernières.
Selon les informations recueillies par RSF, Blanca Reyes Castañon, la femme de Rivero, était convoquée le 8 novembre par la police de La Havane au motif que des soupçons de trafic de devises pèsent sur elle. « Les autorités m’ont convoquée à plusieurs reprises. La dernière fois, elles m’ont dit que si je n’obéissais pas je serais arrêtée. Quand je suis arrivée, un officier m’a demandé combien je recevais d’argent depuis l’étranger, si mon mari, Raúl, recevait de l’argent du ‘Nuevo Herald’ [un journal de l’opposition cubaine aux Etats-Unis], si nous distribuions de l’argent à la dissidence. Á la fin, ils ont suggéré que je quitte le pays, que je m’en aille avec Raúl », a déclaré Castañon. Au terme de l’interrogatoire, elle a été menacée d’un procès pour « achat illégal de dollars américains ». D’après Rivero, il s’agirait d’une façon de faire pression sur lui.
Par ailleurs, le 29 octobre, un membre de la sécurité d’État avait empêché le déroulement d’un cours dans les locaux de la Société de journalistes Manuel Márquez Sterling. Un agent avait ordonné à Rivero de quitter les lieux. Peu après les journalistes Carmelo Díaz Fernández, Pedro Pablo Álvarez et Víctor Manuel Domínguez étaient expulsés des locaux. Le 26 octobre, la police avait exigé de Ricardo González Alfonso, directeur de la Société de journalistes Manuel Márquez Sterling et correspondant de RSF, l’arrêt des cours. Le 12 octobre, deux agents de la sécurité d’État s’étaient rendus au siège de l’association pour signifier à son directeur, González Alfonso, l’interdiction de débuter les cours de la saison 2001-2002 (consulter des alertes de l’IFEX du 1er novembre et 25 octobre 2001).
Homme de lettres et ancien journaliste de la presse officielle, Rivero quittait en 1989 l’UNEAC (agence des écrivains et journalistes cubains, institution officielle). Deux ans plus tard, il signait « La lettre des dix intellectuels », une pétition demandant au président cubain, Fidel Castro, la libération des prisonniers de conscience et des changements substantiels dans le régime socialiste. Des « dix intellectuels », Rivero est aujourd’hui le seul à vivre encore à Cuba. En 1995, il fondait l’agence de presse indépendante Cuba Press et subit, comme tous les journalistes indépendants, un harcèlement constant de la part des autorités qui ne laissent le choix, à ceux qui refusent de rentrer dans le rang, qu’entre le silence, la prison ou l’exil. Décidé à rester à Cuba, Rivero a refusé à plusieurs reprises un visa de sortie définitive, le seul que les autorités sont prêtes à lui accorder.