Les candidats à l'élection présidentielle du 29 novembre 2009 n'ont pas bénéficié du même accès aux médias d'État, en l'absence de médias indépendants.
(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières dénonce une campagne électorale faussée en Guinée équatoriale. Les différents candidats à l’élection présidentielle du 29 novembre 2009 n’ont pas bénéficié du même accès aux médias d’Etat, en l’absence de médias indépendants. Après avoir remporté l’élection de 2002 avec 97,1% des voix, le chef de l’Etat a « promis » de gagner à nouveau avec plus de 97%.
« Sans surprise, Teodoro Obiang Nguema, qui dirige le pays d’une main de fer depuis vingt ans, a bénéficié pendant la campagne électorale du soutien des médias d’Etat. Étroitement contrôlés par les autorités, ces derniers ont chanté les louanges du président-candidat et ont pris le soin de très peu relayer les activités de l’opposition. Les suffrages, certainement proches de 100%, qu’obtiendra le chef de l’Etat sont à la hauteur de la couverture médiatique qui lui a été réservée », a déclaré l’organisation.
Tandis que la radio-télévision d’Etat RTVGE a indifféremment couvert les activités du chef de l’Etat et du candidat Teodoro Obiang Nguema, les quatre candidats de l’opposition n’ont bénéficié que d’une couverture médiatique minimale. La RTVGE n’a organisé aucun débat et les activités et meetings de l’opposition n’ont pratiquement pas été retransmis. Le bihebdomadaire officiel « Ebano », dont les bureaux se trouvent au siège du ministère de l’Information, a consacré deux numéros à l’élection présidentielle. Dans l’un d’eux, le journal a certes reproduit les programmes de l’opposition, mais sans laisser aux candidats la possibilité de s’exprimer au même niveau que les partisans du parti au pouvoir.
Si les autorités se targuent de développer le pays rapidement grâce à la manne tirée des ressources pétrolières (la Guinée équatoriale est le 3e producteur de pétrole en Afrique subsaharienne, après l’Angola et le Nigéria), les trois quarts de la population vivent en dessous du seuil de pauvreté et la situation des libertés fondamentales ne s’améliore guère. En Guinée équatoriale, la presse privée est limitée à quelques titres. Le pays ne compte ni syndicat ni association de défense des journalistes. Le ministère de l’Information, constitué de personnalités toutes membres du Parti démocratique de Guinée équatoriale (PDGE, au pouvoir), fait office d’organe de régulation des médias. Entre juin et octobre 2009, l’unique correspondant de la presse étrangère à Malabo, Rodrigo Angue Nguema, a été incarcéré pour « diffamation » à la prison de Black Beach, dans la capitale.
La Guinée équatoriale occupe la 158e place, sur 175 pays, du classement 2009 de la liberté de la presse publié par Reporters sans frontières. Depuis plusieurs années, le président Teodoro Obiang Nguema figure dans la catégorie des « prédateurs de la liberté de la presse » établie par l’organisation.