(RSF/IFEX) – RSF proteste contre les pressions exercées par le gouvernement de la province de Neuquén (Centre-Ouest) contre le quotidien « Río Negro » afin que le journal dévoile ses sources. Ce dernier venait de publier une enquête impliquant le ministre de la Sécurité et du Travail de la province dans une affaire de détournement de fonds. […]
(RSF/IFEX) – RSF proteste contre les pressions exercées par le gouvernement de la province de Neuquén (Centre-Ouest) contre le quotidien « Río Negro » afin que le journal dévoile ses sources. Ce dernier venait de publier une enquête impliquant le ministre de la Sécurité et du Travail de la province dans une affaire de détournement de fonds.
« Le secret des sources est la pierre angulaire de la liberté de la presse. Sans secret des sources garanti aux journalistes, aucune personne disposant d’informations sensibles n’osera plus les leur remettre. En voulant contraindre le quotidien « Río Negro » à dévoiler l’identité de ses informateurs, votre gouvernement met gravement en péril le journalisme d’investigation si important pour la démocratie », a déclaré RSF dans une lettre adressée à Jorge Sobisch, gouverneur de la province.
« Nous vous rappelons que, dans son article 8, la Déclaration de principes sur la liberté d’expression adoptée par la Commission interaméricaine des droits de l’homme (CIDH) stipule clairement que « tout journaliste a le droit à la non-divulgation de ses sources d’information », a souligné l’organisation.
Le 6 août 2004, le gouvernement de la province de Neuquén a déposé une plainte auprès du Tribunal provincial contre le quotidien « Río Negro », afin que ce dernier révèle l’origine des informations publiées dans un article du 4 août. Dans son enquête, le journal révélait que la Cour des comptes locale enquêtait sur l’implication présumée de la Banque provinciale de Neuquén (BPN) dans une affaire de détournement de fonds à l’époque où elle était présidée par Luis Manganaro, actuel ministre de la Sécurité et du Travail de la province de Neuquén. Entre 500 000 et 700 000 pesos (entre environ 165 000 et 229 500 $US ; 135 000 et 190 000 euros) auraient été détournés de l’Administration fédérale des recettes publiques (AFIP-DGI) par le biais de la BPN.
Manganaro a demandé qu’une enquête soit ouverte sur les sources des journalistes qui avaient écrit l’article et sur les fonctionnaires de justice qui, ayant eu accès au dossier, auraient pu leur fournir des informations. La rédaction du « Río Negro » a qualifié la plainte déposée par le gouvernement local d' »attaque inadmissible à la liberté de la presse » et d' »empiètement sur l’indépendance du pouvoir judiciaire ».
Le responsable de la rédaction du quotidien « La Nación » à Neuquén, Hector Mauriño, souligne : « Cette affaire n’est pas un cas isolé, mais s’inscrit dans les relations conflictuelles que le gouvernement local entretient avec le journal ». En janvier 2003, toutes les institutions publiques de la province ont suspendu l’attribution de publicité au « Rió Negro » après que le journal avait mis en cause le gouverneur dans une affaire de corruption (consulter des alertes de l’IFEX du 21 mars et 10 janvier 2003).