"Nous craignons que cet acte de censure n'inaugure le début d'un contrôle d'Internet dans le pays", a déclaré RSF.
(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières s’inquiète du blocage du site web de la radio d’informations indépendante Radio Kalima-Algérie, http://www.kalimadz.com , et de sa diffusion par satellite.
« Nous craignons que cet acte de censure n’inaugure le début d’un contrôle d’Internet dans le pays. Nous demandons aux autorités algériennes de fournir des explications et d’ordonner le déblocage immédiat du site, effectué de manière arbitraire. Il ne faudrait pas que l’Algérie fasse son entrée dans la liste des pays qui censurent la Toile, sans quoi le droit à la liberté d’expression des Algériens en pâtirait », a déclaré l’organisation. Et d’ajouter : « cette affaire soulève également le problème du monopole de l’audiovisuel dans le pays. Nous demandons aux autorités de libéraliser le secteur dans un souci de respect du pluralisme de l’information ».
Le 16 mars 2010, le site de Radio Kalima-Algérie a été rendu progressivement inaccessible dans les différentes régions du pays, avant d’être complètement bloqué le 17 mars. Tout comme sa diffusion par le satellite Hotbird d’Eutelsat, le 18 mars. Reporters sans frontières a écrit à l’entreprise européenne, basée à Paris, le 19 mars, afin de lui demander des explications.
Radio Kalima-Algérie a été lancée le 25 janvier 2010, par un groupe de journalistes indépendants. Elle est la seule radio algérienne privée alors que le gouvernement contrôle tous les médias audiovisuels depuis l’indépendance du pays, en 1962. Cette radio d’informations indépendante diffuse ses programmes en arabe, en français et en amazig. Ils abordent des questions liées à la culture, aux droits de l’homme et aux libertés publiques et atteignent une audience quotidienne de 15 000 à 20 000 personnes.
Radio Kalima-Algérie a déjà traité de sujets sensibles : elle a annoncé l’assassinat du directeur de la Sûreté générale, en contradiction avec la version officielle, et dénoncé des affaires de corruption dans lesquelles des membres du gouvernement algérien seraient impliqués. Des sujets ensuite repris par certains médias algériens, au grand dam du gouvernement. D’après le responsable de la radio, le journaliste Yahia Bounouar, « les autorités algériennes ne peuvent pas admettre que les médias sont au service des citoyens, et non de leur propagande. C’est un rappel à l’ordre, un signal pour tous les autres ». Il précise qu’il ne compte pas baisser les bras : « Nous allons continuer. Nous mettons à la disposition des internautes des serveurs proxies afin qu’ils puissent contourner la censure et accéder à http://www.kalimadz.com « .
Le site de Radio Kalima-Tunisie et le journal indépendant en ligne Kalima, dirigés par la journaliste tunisienne Sihem Bensédrine, sont bloqués en Tunisie. La Tunisie fait partie de la nouvelle liste des « Ennemis d’Internet » publiée le 12 mars dernier par Reporters sans frontières à l’occasion de la Journée mondiale contre la Cyber-censure.
En juillet 2009, une loi sur la cybercriminalité avait été adoptée en Algérie. Elle donne aux autorités les moyens légaux d’ordonner des blocages de sites. En vertu de l’article 12, « Les fournisseurs d’accès sont tenus d’intervenir, sans délais, pour retirer les contenus dont ils autorisent l’accès en cas d’infraction aux lois, les stocker ou les rendre inaccessibles dès qu’ils en ont connaissance. (. . .) Ils sont tenus de mettre en place des dispositifs techniques permettant de limiter l’accessibilité aux distributeurs contenant des informations contraires à l’ordre public ou aux bonnes mœurs et d’en informer les abonnés ».
Le site d’opposition http://www.rachad.org est également bloqué depuis le début du mois de janvier 2010.