Le Groupe d'observation de la Tunisie organisé par l'IFEX (TMG) a reçu des rapports faisant état du harcèlement ininterrompu des journalistes indépendants.
(IFEX-TMG) – Le Groupe d’observation de la Tunisie organisé par l’IFEX (TMG), une coalition de 20 membres de l’Échange international de la liberté d’expression (IFEX) – réseau mondial de défenseurs de la libre expression, a reçu des rapports faisant état du harcèlement ininterrompu des journalistes tunisiens.
Deux journalistes qui travaillent pour une station de radio indépendante et un magazine en ligne de Tunisie, qui ont été les cibles de menaces et d’une agression violente, sont les dernières victimes en date d’une campagne ininterrompue de harcèlement dirigée contre les médias indépendants, selon ce que rapportent les partisans de la liberté de la presse dans le pays.
Mouldi Zouabi, journaliste à Radio Kalima, a été agressé le 1er avril 2010 par un assaillant non identifié aux abords du poste de police de la ville de Jendouba, dans le nord du pays. Zouabi est resté étendu au sol, ses verres ont été brisés et il présentait des ecchymoses. Il s’est fait voler son portefeuille contenant ses papiers personnels et sa carte de presse de la Fédération internationale des journalistes (FIJ). Bien que Zouabi ait porté plainte devant le Procureur de Jendouba, il reste persuadé que les autorités se dissimulent derrière cette agression.
Un autre journaliste et blogueur, Moez Jemai, correspondant du magazine en ligne Kalima et d’une station de radio de la ville de Gabes, dans le sud du pays, a reçu des menaces anonymes au téléphone. Jemai a déclaré au TMG que son interlocuteur « m’avait mis en garde et a juré de violer ma soeur Leila qui est universitaire si je ne retire pas mes articles et si je n’arrête pas de critiquer le régime politique ». Jemai a déclaré que sa pratique indépendante du journalisme, qui met à nu la corruption, est à l’origine des autres menaces proférées par les policiers le 30 mars, lorsqu’il a été mis en garde à propos de son travail à Kalima. Les reporters de Kalima continuent d’être harcelés et menacés tandis qu’ils poursuivent leur travail.
Voilà les derniers gestes d’intimidation dirigés ces derniers mois contre les journalistes indépendants. Le 26 novembre, un journaliste indépendant, Taoufik Ben Brik, a été condamné à six mois de prison à la suite de la publication d’articles critiques sur la réélection en octobre du président Zine El Abidine Ben Ali. Selon les observateurs, Ben Brik a été reconnu coupable d’accusations sans aucun lien avec ses articles, d’accusations sans fondement et clairement motivées sur le plan politique. Il doit être remis en liberté d’ici au 26 avril.
Fahem Boukadous, reporter à la station de télévision par satellite El Hiwar Ettounsi, a été inculpé d’avoir « formé une association criminelle susceptible de s’attaquer aux individus » à la suite de ses reportages sur une manifestation de protestation qui s’est tenue en 2008 contre le chômage et la corruption dans la ville minière de Gafsa. Il a été condamné à quatre ans de prison, mais il est en liberté en attendant une autre audition à Gafsa le 27 avril.
Ce ne sont pas des incidents isolés. « Il existe un modèle établi de discrimination et d’intimidation, auquel nous nous opposons fortement, » disent les membres du TMG. « Nous lançons un appel au gouvernement tunisien pour qu’il libère Taoufik Ben Brik immédiatement, qu’il abandonne les charges contre Fahem Boukadous et pour qu’il cesse d’orchestrer des agressions contre les journalistes indépendants. »