Le TMG de l'IFEX exhorte les autorités à mettre fin à l'utilisationhonteuse du système judicaire afin de museler la liberté d'expression et de punir les journalistes critiques.
(IFEX-TMG) – Le 7 juillet 2010 – Le 6 juillet 2010, une cour d’appel tunisienne a confirmé la peine de quatre ans de prison ferme prononcée au début de l’année 2010 contre le journaliste Fahem Boukaddous suite à la couverture en 2008 de manifestations à Gafsa.
Le Groupe d’observation de la Tunisie de l’Échange international de la liberté d’expression (IFEX-TMG), une coalition de 20 membres de l’IFEX, condamne fortement le jugement de la cour et exhorte les autorités à mettre fin à cette utilisation honteuse du système judicaire afin de museler la liberté d’expression et de punir les journalistes critiques. De plus, il demande aux autorités d’immédiatement respecter leur obligations en matière des droits humains de ces derniers tels que préconisé par la Déclaration universelle des droits de l’homme, le Pacte international relatif aux droits civils et politiques et la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples qu’elles ont d’ailleurs ratifiés.
Les chefs d’accusation apportées contre Boukaddous à savoir, « constitution d’une association criminelle susceptible de porter atteinte aux personnes et à leurs biens » semble encore une fois être une manœuvre politique dont le but est de faire taire la critique des autorités tunisiennes.
Étant actuellement hospitalisé à Sousse où il est traité pour des problèmes respiratoires, Boukaddous n’a pas été en mesure de se déplacer au tribunal le 6 juillet.
« Il y a des policiers en civil au sein de l’hôpital faisant pression sur le personnel médical pour me décharger afin qu’ils m’emmènent en prison mais ces derniers refusent de céder à la pression ».
Pendant ce temps, Radhia Nasraoui, une de ses avocats a dénoncé la décision de la cour comme étant « dure et injuste » et a alerté contre « les conséquences dangereuses » du refus de procurer à Boukaddous « les soins médicaux vitaux qu’il requiert ». Elle a ajouté que plusieurs prisonniers politiques sont décédés par « manque de soins médicaux » dans les années précédentes.
Journaliste à la station de télévision par satellite Al-Hiwar Al-Tunisi, Boukadous est entré dans la clandestinité en juillet 2008 après avoir découvert qu’il était recherché par les autorités tunisiennes. Il a été condamné en décembre 2008 à six ans de prison.
Le journaliste est revenu en novembre 2009 pour contester le verdict en s’appuyant sur le fait qu’il a subi un procès contumace. Un tribunal a annulé la décision précédente et a décrété la tenue d’un nouveau procès pour répondre aux mêmes chefs d’accusation. En janvier de la même année, Boukaddous a été trouvé coupable et condamné à quatre ans de prison, décision à laquelle ses avocats ont fait appel mais en vain.
« Les autorités traînent un homme malade innocent dans des hôpitaux, tribunaux et des prisons par pure malveillance. Les échecs des autorités tunisiennes dans la région de Gafsa en 2008 ont été objectivement exposés par un bon journaliste et maintenant elles le font souffrir pour leur incompétence », a déclaré Rohan Jayasekera de l’organisation Index on Censorship et président de l’IFEX-TMG. « Leurs partenaires européens se doivent de faire entendre leurs voix et dénoncer la Tunisie pour avoir ainsi institutionnalisé la censure d’État ».
Le dernier rapport de l’IFEX-TMG basé sur une investigation en Tunisie, qui a été lancé en juin à Beyrouth, met en lumière l’utilisation alarmante du système judiciaire afin de miner les droits de l’homme et la situation en déclin de la liberté d’expression : http://ifex.org/tunisia/2010/06/07/tmg_report/fr/