À mesure qu'évolue la crise en Tunisie, le TMG de l'IFEX demande aux dirigeants du pays de respecter les droits de la personne, y compris la liberté d'expression.
(TMG de l’IFEX) – Le 14 janvier 2011 – À mesure qu’évolue la crise en Tunisie, le Groupe d’observation de la Tunisie organisé par l’Échange international de la liberté d’expression (TMG de l’IFEX), coalition de 20 groupes membres de l’IFEX, demande aux dirigeants de la Tunisie de respecter les droits de la personne, y compris la liberté d’expression.
« En une brève journée, le Président Zine El-Abidine Ben Ali a rompu ses promesses et l’état d’urgence prouve qu’il n’avait nullement l’intention de s’attaquer aux violations les droits de la personne, » a déclaré le président du TMG de l’IFEX, Rohan Jayasekera, du groupe Index on Censorship à Londres. « Maintenant que Ben Ali a quitté le pays, nous demandons aux nouveaux dirigeants de la Tunisie de lever immédiatement l’état d’urgence, qui pose de graves dangers pour la liberté d’expression, et de libérer tous les prisonniers d’opinion. »
Le TMG de l’IFEX demande également aux autorités de tenir les engagements annoncés jeudi de lever les restrictions imposées à la presse et sur Internet, et de préserver les droits fondamentaux de la personne en outre, les quotidiens d’opposition – deux d’entre eux ont été confisqués ces dernières semaines – doivent être autorisés à nouveau à paraître librement. Même si les journalistes et les blogueurs détenus parce qu’ils ont couvert les manifestations aient été remis en liberté cette semaine, le TMG de l’IFEX demande aussi la libération du journaliste Fahem Boukadous, qui se languit en prison depuis juillet parce qu’il a couvert les troubles sociaux à Gafsa en 2008.
Ces dernières semaines on a vu un certain nombre de journalistes et d’activistes être arrêtés et agressés, comme ce fut le cas pour deux journalistes de Radio Kalima, Nissar Ben Hassen et Moez Jemai. Les blogueurs Slim Amamou et Aziz Amami ont été arrêtés mais auraient été relâchés hier. Le chanteur Rap El Général a lui aussi été arrêté brièvement en rapport avec ses vidéos politiques en ligne.
Tandis que la plupart des manifestants et activistes auraient été relâchés, incluant l’activiste politique Hama Hamammi, directeur général du site web de nouvelles « al-Badil » ( http://www.albadil.org ), arrêté le 12 janvier, on est sans nouvelles de Ammar Amroussia, activiste politique et collaborateur au site « al-Badil » qui reste incarcéré à Gafsa depuis son arrestation le 29 décembre 2010 pour avoir incité à manifester. L’avocat Mohamed Mzem serait lui aussi toujours détenu.
Par ailleurs, le doyen des avocats tunisiens, Abdul-Razzak Al-Kilani, a annoncé hier que l’Ordre National des Avocats de Tunisie continuerait à manifester tant que l’autonomie du système judiciaire ne deviendrait pas réalité. Les avocats ont participé le 6 janvier à une grève pour protester contre l’absence d’application régulière de la loi dans les cas des manifestants arrêtés, et ont tenté aujourd’hui de tenir un sit-in non violent devant le ministère de l’Intérieur – où des milliers d’autres personnes ont convergé avant d’être violemment dispersés. Les avocats qui manifestaient paisiblement depuis quelques semaines ont été tabassés, notamment Mohamed et Samia Abbou.
« On ne sait pas quand prendra fin cette répression meurtrière des manifestations, » dit Rohan Jayasekera, qui constate l’historique des violations où les journalistes sont réduits au silence, les voix indépendantes muselées, les syndicalistes indépendants empêchés de parler au nom de leurs membres et le système judiciaire est manipulé. Tout cela s’ajoute à la censure généralisée en ligne en Tunisie, y compris des reportages sur les manifestations et des sites web du TMG de l’IFEX et de Facebook.
Les manifestations contre le chômage ont éclaté à Sidi Bouzid après qu’un ancien étudiant de l’université, ne pouvant se trouver d’autre travail que de vendre des fruits et des légumes dans la rue, s’est immolé par le feu en décembre après que la police lui eut confisqué sa marchandise. Les manifestations ont pris de l’ampleur et se sont transformées en protestations majeures contre le gouvernement et la corruption. Les groupes locaux de défense des droits de la personne ont dénoncé l’emploi, par la police et des unités de l’armée, de balles réelles contre les manifestants, leurs recherches préliminaires montrant que le nombre des morts s’est accru et dépasse les 60 victimes avant les tueries d’aujourd’hui.
Pour en savoir plus sur l’évolution de la situation, consulter les mises à jour régulières affichées à : http://www.facebook.com/IFEXTMG et sur Twitter @Tunisiamonitor