Après Taoufik Ben Brik, le journaliste Zouhayr Makhlouf a été à son tour condamné à trois mois de prison et une amende de 6 000 dinars.
(IFEX-TMG) – Réagissant avec colère aux peines de prison visant les journalistes Taoufik Ben Brik et Zouhayr Makhlouf, les membres du groupe d’observation de la Tunisie (TMG) ont demandé aux autorités tunisiennes de mettre un terme immédiat à l’emprisonnement des journalistes.
Le 26 novembre, Ben Brik a été condamné à six mois de prison ferme. Il est désormais détenu à la prison de Siliana, à environ 120 km de son domicile de Tunis – loin de sa famille. Par la suite, Makhlouf a été condamné à trois mois de prison et une amende de 6 000 dinars tunisiens (4 700 $US) ce mardi 1er décembre.
Ben Brik, un opposant notoire qui écrit pour des journaux français, a besoin d’une grande attention médicale en raison d’une maladie chronique. Les membres du TMG craignent pour sa santé en prison. Il a été incarcéré le 29 octobre suite à la publication d’articles critiques sur la récente réélection du Président Zine El Abidine Ben Ali pour un cinquième mandat le 25 octobre dernier. Ben Brik était accusé notamment d’une présumée agression contre une femme, mais les accusations étaient clairement d’ordre politique.
Makhlouf, un activiste politique et rédacteur du site d’information tunisien Assabil Online, a quant à lui été arrêté le 20 octobre dernier après avoir mis en ligne un reportage vidéo sur les problèmes socio-économiques et environnementaux d’une zone industrielle de la région de Nabeul.
A cette occasion, le Président du TMG, Rohan Jayasekera (Index on Censorship), a déclaré: « Tout ceci est clairement le résultat d’une série d’articles écrits par des journalistes critiques à l’égard du régime tunisien. Alors que le Président tunisien Ben Ali renforce sa main mise sur le pouvoir, nous sommes terriblement déçus par le fait qu’il se sente obligé de punir ceux qui sont en désaccord avec lui », tout en ajoutant : « Il est ridicule d’imaginer, une seule seconde, que Taoufik Ben Brik ferait une pause sur le chemin de l’école avec sa fille pour agresser une femme en pleine rue ! »
Au-delà même de ces peines de prison, les membres du TMG sont extrêmement inquiets au sujet des violations graves du droit à la liberté d’expression et à la tendance que les autorités tunisiennes ont à recourir à la censure, à l’intimidation et à la violence.
D’autres journalistes et d’autres activistes ont eu à souffrir de la répression née des dernières élections. Certains ont été battus, kidnappés ou détenus. D’autres se retrouvent encerclés par des policiers en civil 24 heures sur 24.
Nous appelons le gouvernement tunisien à libérer Taoufik Ben Brik et Zouhayr Makhlouf et à cesser les agressions et le harcèlement des journalistes et activistes indépendants en Tunisie. Les actions punitives visant leurs familles doivent également s’arrêter, y compris le harcèlement policier de la famille Ben Brik.
Ces peines de prison et ces agressions apparaissent clairement comme des représailles suite aux menaces émises par le Président Ben Ali. Ce dernier avait en effet averti que la loi serait appliquée « contre quiconque émettra des accusations ou des doutes concernant l’intégrité de l’opération électorale, sans fournir des preuves concrètes ».
Le TMG compte 20 membres de l’Échange international de la liberté d’expression (IFEX). Cela fait plus de cinq ans que ces derniers suivent de près les violations de la liberté d’expression en Tunisie ; ils vont continuer d’exiger du gouvernement tunisien qu’il respecte ses engagements internationaux dans le domaine des droits de l’Homme et de la liberté d’expression.