Les défenseurs de la libre expression ont de nouveau exprimé leur préoccupation en ce qui concerne l'état de santé du journaliste emprisonné Taoufik Ben Brik, un des critiques les plus fermes du président Ben Ali.
(IFEX-TMG) – 26 février 2010 – Le Groupe d’observation de la Tunisie organisé par l’IFEX (TMG), composé de 20 groupes membres de l’Échange international de la liberté d’expression (IFEX) – le réseau mondial des défenseurs de la libre expression, a reçu des informations fiables selon lesquelles la santé de monsieur Ben Brik se détériore gravement en détention.
Le 1er février, un tribunal a rejeté l’appel qu’a interjeté Ben Brik d’une peine de six mois d’emprisonnement pour agression et pour avoir « violé la moralité publique », accusations que ses amis du TMG et d’autres groupes maintiennent avoir été portées pour des motifs politiques et qui visent à le faire taire.
Monsieur Ben Brik souffre de diabète, ainsi que d’un trouble hormonal qui nécessite une médication et des soins réguliers. Ses avocats et sa famille ont à de nombreuses reprises été empêchés de lui rendre visite.
Le TMG prie instamment l’Union européenne et d’autres pays de dépasser les dimensions politiques de l’affaire et de s’assurer que le journaliste incarcéré reçoit les soins que son état requiert.
« Nous prions instamment les autorités tunisiennes de libérer Ben Brik immédiatement pour des raisons humanitaires, afin qu’il reçoive les soins médicaux spécialisés dont il a le plus urgent besoin et qu’il ne peut obtenir à la prison de Siliana, l’une des plus dures de Tunisie », dit le président du TMG, Rohan Jayasekera, du groupe Index on Censorship.
L’avocat bien connu des droits de la personne Mohamed Abbou, lui-même ancien prisonnier politique, a déclaré que Ben Brik paie le prix du choix qu’il a fait d’assumer son devoir et de critiquer un régime très arriéré et tyrannique, à un moment où de nombreuses personnes comme lui choisissent de garder le silence. Le laisser seul pour affronter un adversaire qui puise dans l’arsenal de la totalité des pouvoirs de l’État, c’est se faire le complice du crime perpétré contre lui. »
Les membres du TMG ont reçu mercredi des informations de première main selon lesquelles l’état de santé de Ben Brik continue de se détériorer. « Nous ne croyons pas que ces informations soient exagérées », a déclaré Jayasekera. « Nous craignons vraiment pour sa vie. »
Les défenseurs de la libre expression écrivent au Ministère tunisien de la Justice et aux diplomates d’Europe et d’Amérique du Nord pour réitérer leur inquiétude devant l’état de santé de Ben Brik.