Les membres du TMG, qui sont en mission en Tunisie cette semaine, ont également dénoncé les chefs d'accusation portés contre le journaliste Fahem Boukadous, dans lesquels ils voient une manœuvre politique dont le but véritable est de faire taire la critique des autorités tunisiennes.
(IFEX-TMG) – Le 27 avril 2010 – Tandis que les membres du Groupe d’observation de la Tunisie (TMG) saluent la remise en liberté aujourd’hui de Taoufik Ben Brik, la coalition des défenseurs de la liberté de la presse dénonce les chefs d’accusation portés contre le journaliste Fahem Boukadous, dans lesquels elle voit une manœuvre politique dont le but véritable est de faire taire la critique des autorités tunisiennes. Le TMG est une coalition de 20 organisations qui appartiennent au réseau de l’Échange international de la liberté d’expression (IFEX). Cinq groupes membres du TMG sont en mission en Tunisie cette semaine.
Une cour d’appel de la ville de Gafsa a reporté de nouveau aujourd’hui l’appel, par Boukadous, de la peine de quatre ans de prison prononcée contre lui pour « appartenance à une association criminelle » et « trouble à l’ordre public ». Boukadous devra donc attendre jusqu’au 18 mai avant de connaître le verdict, lorsque son appel sera entendu, après avoir subi hier une crise d’asthme qui a nécessité une présence médicale.
Journaliste à la station de télévision par satellite Al-Hiwar Al-Tunisi, Boukadous est entré dans la clandestinité en juillet 2008 après avoir découvert qu’il était recherché par les autorités tunisiennes pour répondre à des accusations découlant de sa couverture de manifestations qui se sont déroulées à Gafsa, une région minière du sud de la Tunisie. Il a été condamné en décembre 2008 à six ans de prison.
Boukadous est revenu en novembre 2009 pour contester la sentence en s’appuyant sur le fait qu’il a subi un procès in absentia. Un tribunal a cassé la décision précédente et a décrété la tenue d’un nouveau procès pour répondre aux mêmes chefs d’accusation. En janvier de cette année, le journaliste a été trouvé coupable des chefs d’accusation et condamné à quatre ans de prison, mais il reste en liberté.
« Fahem Boukadous est puni par l’État pour n’avoir fait que son travail et avoir couvert des manifestations publiques contre le chômage et la corruption, » a dit Rohan Jayasekera de Index on Censorship, qui préside le TMG. « L’État n’aimait pas les nouvelles, alors il a ciblé le messager. Ce genre d’intimidation des médias indépendants doit cesser. »
Le journaliste et écrivain Taoufik Ben Brik, connu pour sa critique incisive du gouvernement tunisien, a été libéré le lendemain après avoir purgé une peine de six mois de prison pour des charges que l’on croit en général être fausses.
En raison de son travail, Ben Brik avait déjà dû subir des épisodes de détention et il avait été empêché de voyager hors de Tunisie, tandis que les membres de sa famille ont également subi à plusieurs occasions des mesures de harcèlement.
Ben Brik a été mis en garde à vue le 30 octobre 2009 parce qu’il aurait agressé une femme lors d’un incident de la circulation. Il a été condamné le 26 novembre à six mois de prison ferme pour « voies de fait », « destruction délibérée de biens » et « atteinte aux bonnes mœurs ».
Les groupes de défense de la liberté de la presse, dont des membres du TMG, ont dénoncé non seulement les conditions d’incarcération épouvantables subies par Ben Brik, mais aussi son arrestation éminemment politique et son procès inique. En janvier, tandis que la santé de Ben Brik se détériorait, les membres de sa famille ont entrepris une grève de la faim pour protester contre les conditions de vie à la prison. La peine de six mois a été maintenue en appel en février.
« Le TMG salue la libération de Ben Brik, mais il apparaît qu’il n’aurait jamais dû être mis en prison pour commencer, » dit Jayasekera.
La délégation du TMG en mission en Tunisie cette semaine se compose d’ARTICLE 19, de Index on Censorship, de l’Institut international de la presse, du PEN de Norvège et du Comité des écrivains en prison du PEN International.