Le TMG de l'IFEX invite à agir d'urgence afin d'empêcher quelque répétition que ce soit des récentes mesures de répression violente contre les manifestants et les journalistes pendant la période qui conduira aux élections constitutionnelles prévues pour octobre.
(TMG de l’IFEX) – Le 27 juillet 2011 – Le Groupe d’observation de la Tunisie organisé par l’Échange international de la liberté d’expression (TMG de l’IFEX), une coalition de 21 groupes membres de l’IFEX, invite à agir d’urgence afin d’empêcher quelque répétition que ce soit des récentes mesures de répression violente contre les manifestants et les journalistes pendant la période qui conduira aux élections constitutionnelles prévues pour octobre.
L’inquiétude du TMG de l’IFEX s’est accrue après une déclaration du Premier ministre par intérim, Béji Caïd Essebsi, dans laquelle celui-ci accusait les journalistes de susciter les troubles.
Les forces de sécurité auraient agressé le 15 juillet des manifestants qui protestaient contre les politiques du gouvernement, tandis que les journalistes de diverses entreprises de médias, qui couvraient les incidents, auraient aussi été visés. Le fait d’imputer la violence et les manifestations aux journalistes constitue une accusation dangereuse et rappelle tristement les tactiques auxquelles avait recours l’ancien régime pour pénaliser les médias indépendants.
L’agression, ainsi que la déclaration subséquente du Premier ministre, contrastent sensiblement avec les nombreuses promesses qu’ont faites le Premier ministre et le gouvernement intérimaire d’assurer la libre expression pendant la période menant aux élections constitutionnelles, prévues actuellement pour le 23 octobre.
« Lorsque les membres du TMG de l’IFEX ont rencontré le Premier ministre Essebsi en avril, celui-ci avait déclaré être convaincu qu’une presse libre était essentielle pour assurer la transition démocratique en Tunisie. Pourtant, il ne peut y avoir de presse libre ni de transition démocratique lorsque les journalistes sont attaqués en toute impunité, » a déclaré Virginie Jouan, qui représente l’Association mondiale des journaux et des éditeurs de médias d’information (WAN-IFRA).
« Comme nous l’avons fait en avril, le TMG de l’IFEX presse aujourd’hui le gouvernement de garantir la sûreté et la sécurité de tous les professionnels des médias. Les auteurs de ces dernières agressions contre les journalistes doivent être traduits en justice, » a-t-elle ajouté.
D’après le journaliste Fahem Boukadous, les agressions de ce mois-ci – ainsi que celles de mai dernier, lorsque des journalistes ont été attaqués sur l’Avenue Habib Bourguiba – attirent l’attention sur ce qu’il qualifie de « contre-révolution et tentative de la vieille garde pour s’en prendre aux médias et ainsi supprimer les acquis de la révolution ». Emprisonné sous l’ancien régime jusqu’à la révolution, Boukadous est cofondateur du Centre de Tunisie pour la liberté de la presse, qui surveille de près les attaques contre la presse.
Le mois dernier, le TMG de l’IFEX a publié son rapport intitulé « L’oppression a laissé de profondes cicatrices dans les médias tunisiens : Évaluation des exigences critiques pour la Liberté d’expression dans la transition démocratique en Tunisie, » qui affirme la nécessité de médias libres et indépendants ainsi que d’une société civile forte et démocratique afin d’assurer une transition fructueuse et en douceur vers la démocratie. Le rapport était le point culminant de la huitième mission du TMG de l’IFEX en Tunisie, mission dirigée par la WAN-IFRA, première mission formelle à se rendre dans le pays après la chute du Président Zine El Abidine Ben Ali. (Aller à : http://ifex.org/tunisia/2011/06/22/scarsofoppressionrundeeptmgdelifex_fr.pdf )
« Les Tunisiens examinent soigneusement les politiques du gouvernement intérimaire à mesure qu’approche la date des élections constitutionnelles. Les médias ont un rôle vital à jouer afin d’assurer que la révolution porte ses fruits. Nous prions instamment le gouvernement de tenir sa parole et de respecter les demandes justifiées du peuple tunisien de liberté, d’égalité et de dignité, » a déclaré le président du TMG de l’IFEX, Rohan Jayasekera, de Index on Censorship.