Les mesures prises par les autorités zambiennes à l'encontre de trois journalistes sont les plus récentes d'une série de tactiques qui vont croissant contre le groupe des « Chiens de garde de la Zambie » ("Zambian Watchdog"). Clayson Hamasaka, Thomas Zyambo et Wilson Pondamali sont détenus parce qu'ils sont soupçonnés d'avoir des liens avec le site web.
Les mesures prises par les autorités zambiennes à l’encontre de trois journalistes sont les plus récentes d’une série de tactiques qui vont croissant contre le site web indépendant de nouvelles Zambian Watchdog.
Clayson Hamasaka, Thomas Zyambo et Wilson Pondamali sont détenus parce qu’on les soupçonne d’avoir des liens avec le site web qui rapporte souvent des allégations de corruption gouvernementale, indique Reporters sans frontières (RSF).
Le site Zambian Watchdog est animé par des journalistes zambiens basés à l’étranger, et il affiche un contenu provenant de reporters anonymes à l’intérieur du pays. Selon l’Institut international de la presse (IIP), le site a des antécédents de persécution qui remontent au moins à 2011, époque où il a été la cible d’une enquête pour avoir publié un courriel qui aurait été écrit par un politicien. Ce politicien a nié être l’auteur du courriel et a porté plainte, disant que le message était un faux. Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) cite des reportages selon lesquels le ministre du Tourisme de Zambie a appelé à l’interdiction de Watchdog en 2012 ; la demande serait fondée sur la crainte que la couverture critique assurée par Watchdog ait des conséquences sur l’image du pays à la veille de la réunion de l’Organisation mondiale du tourisme de l’ONU, réunion dont la Zambie doit être l’un des pays hôtes, en août prochain.
La vague de répression la plus récente a commencé le 24 juin 2013, quand le site Watchdog a été bloqué, rapporte RSF. Les tentatives du personnel de Watchdog pour contourner l’obstruction du site ont été déjouées, tandis qu’un site miroir créé le 19 juillet par RSF était lui aussi bloqué en quelques heures.
Les autorités n’ont pas tardé non plus à arrêter des journalistes qu’elles estiment contribuer au site Watchdog. Hamasaka et Zyambo ont tous deux été arrêtés le 9 juillet 2013, après que la police eut procédé à des descentes à leurs domiciles respectifs et confisqué des ordinateurs et autres équipements numériques, rapporte l’Institut des médias d’Afrique australe (Media Institute of Southern Africa, MISA).
L’IIP note pour sa part que la police a trouvé au domicile de Zyambo des documents incluant des informations sur la façon dont Sata a lancé son parti du Front patriotique, actuellement au pouvoir. Zyambo a depuis été inculpé de sédition, et doit comparaître le 26 juillet. S’il est condamné, Zyambo risque au minimum sept ans de prison, rapporte l’IIP.
« Ce n’est que le commencement », a dit Zyambo à RSF. « Je prévois des temps difficiles pour les journalistes en Zambie. Le gouvernement a beaucoup de choses à cacher. »
Entre-temps, Hamasaka, qui est ancien maître de conférence au Evelyn Hone College, a été interrogé à plusieurs reprises par la police depuis sa première arrestation ; selon le MISA, Hamasaka a été averti qu’il serait inculpé de sédition. « Ce que tout cela indique vraiment, c’est que l’on assiste à une tentative ou à la volonté du gouvernement de la Zambie de …mettre en garde tous les autres citoyens qui seraient tentés d’ouvrir divers canaux de communication, en particulier au moyens d’outils se trouvant sur Internet », fait remarquer Levi Kabwato, spécialiste du programme de recherche et de surveillance de la liberté des médias au MISA, dans une interview téléphonique accordée à l’IFEX.
Kabwato a mentionné avoir remarqué un virage dans la relation du gouvernement avec les médias alternatifs et indépendants depuis que le Président Michael Sata et son parti du Front patriotique ont accédé au pouvoir en 2011.
Selon The Guardian, la plupart des médias de Zambie sont contrôlés par l’État. The Post – considéré comme le plus important journal « indépendant » – est contrôlé par un allié du Président. Par ailleurs, le journal The Daily Nation, considéré comme un journal critique, est la cible de poursuites intentées par le président.
Tandis que RSF classe la Zambie au 72e rang sur 179 pays dans son Index de 2013 de la liberté de la presse, l’organisation croit que « les derniers développements vont presque certainement renverser cette progression. »
Les autorités zambiennes peuvent être d’un avis différent. Le MISA constate que, le 22 juillet, le ministre de l’Information et des Services de radiodiffusion a déclaré au Times of Zambia que Sata ne visait ni les journalistes, ni les médias, ni les militants de la société civile.
Quelques jours à peine avant la déclaration du ministre, toutefois, un troisième journaliste était détenu en raison de ses liens allégués avec le site Watchdog. Wilson Pondamali, ancien reporter au journal The Post, a été arrêté le 16 juillet par des agents du service de sécurité tandis qu’il se rendait de Lusaka à Kabwe, indique le CPJ. Le MISA fait remarquer qu’il doit répondre actuellement à quatre chefs d’accusation, dont celles de possession illégale d’ouvrages militaires et de vol d’un livre sur la ville de Kabwe.
Le journaliste devait comparaître devant le tribunal, dit le MISA, mais il est plutôt tombé malade le 22 juillet et a dû être hospitalisé.
Logo des Chiens de garde de ZambieImage téléchargée provenant de www.Facebook.com/ZambianWatchdog