RSF a été choquée d'apprendre que les réservistes de l'armée israélienne ont délibérément ciblé, le 29 juillet dernier, un groupe de dix journalistes venus couvrir la manifestation hebdomadaire de Nabi Saleh, et demande aux autorités de faire la lumière sur cette affaire.
(RSF/IFEX) – Le 23 août 2011 – Reporters sans frontières dénonce l’impunité totale dont jouit l’armée israélienne concernant les exactions dont elle se rend régulièrement coupable contre les journalistes palestiniens. Au cours des deux derniers mois, l’organisation a recensé de nombreuses détentions arbitraires de professionnels des médias. Cinq sont actuellement détenus. Des tirs délibérés de soldats de Tsahal contre des journalistes ont également été rapportés. Nous appelons les autorités israéliennes à faire la lumière sur ces atteintes graves à l’intégrité physique des journalistes et à libérer tous ceux actuellement emprisonnés.
Reporters sans frontières condamne l’arrestation, le 21 août 2011, des journalistes palestiniens Oussaid Abd Al Majid Amarana, travaillant pour la chaîne Al-Aqsa, et Amar Abou Ourfa, correspondant de l’agence Shahab. Tous deux ont été arrêtés à leur domicile à Bethléhem. Après avoir pris d’assaut la maison d’Oussaid Abd Al Majid Amarana, située dans le camp de Dahishe, tiré plusieurs coup de feu à l’intérieur, blessant son cousin, les soldats de Tsahal ont fouillé l’immeuble et embarqué le journaliste. Ce n’est pas la première fois qu’il est arrêté. L’armée israélienne a usé de la même méthode pour arrêter d’Amar Abou Ourfa à Hébron.
Le 9 août déjà, l’armée israélienne avait arrêté Samir Allawi, directeur des bureaux d’Al-Jazeera en Afghanistan. Jordanien d’origine palestinienne, il a été arrêté au check-point d’Al-Karama alors qu’il quittait Jéricho pour rejoindre Kaboul via la Jordanie. Les autorités israéliennes ont d’abord annoncé à son frère un placement en détention pour une durée de quatre jours. Le 16 août 2011, il a été présenté devant un tribunal militaire en raison de prétendues « relations avec des mouvements terroristes », notamment le Hamas. Il est actuellement détenu au centre d’interrogation de Petah Tikva.
Reporters sans frontières a également appris l’arrestation, le 10 juillet 2011, du journaliste Mohamed Beshara par l’armée israélienne dans le village de Tamoun (sud-est de Tubas, nord de la Cisjordanie). Agé de 25 ans, il a été arrêté à son domicile, sans qu’aucune justification ne soit donnée. Il est toujours en détention.
Nawab Al-Amer, présentateur à la chaîne Al-Quds, a été arrêté le 28 juin dernier, à son domicile de Naplouse. Aucun motif n’a été donné pour justifier son arrestation. Il a été condamné à une peine de détention administrative d’une durée de cinq mois, renouvelable. Après avoir été détenu au centre de détention provisoire de Howareh, il a été transféré à la prison de Mejiddo, à quelques kilomètres de Jénine, en territoire israélien.
Par ailleurs, Reporters sans frontières a été choquée d’apprendre que les réservistes de l’armée israélienne ont délibérément ciblé, le 29 juillet dernier, un groupe de dix journalistes venus couvrir la manifestation hebdomadaire de Nabi Saleh (à quelques kilomètres de Ramallah). L’organisation demande aux autorités israéliennes de faire la lumière sur cette affaire. De nombreux professionnels des médias ont été attaqués tout au long du mois de juillet.
Nabi Saleh est depuis plusieurs semaines le théâtre de manifestations régulières contre l’occupation israélienne et le mur de séparation. La zone du village a été déclarée « zone militaire fermée » en raison de « risques de troubles à l’ordre public », ce qui a permis aux forces de l’ordre israéliennes de renforcer les contrôles d’accès au village, de contenir ces mouvements et leur médiatisation. Le 29 juillet, lors d’une manifestation, des dizaines de soldats israéliens ont isolé le village avant le début du rassemblement et ont repoussé les manifestants en faisant usage de la violence, n’épargnant pas un groupe de dix journalistes, pourtant clairement identifiables grâce à une veste bleu mentionnant ‘presse’ ou ‘TV’.
Le photojournaliste Mahib Al-Barghouthi de Al-Hayat Al-Jadida a été violemment agressé par un soldat israélien alors qu’il s’apprêtait à couvrir l’événement le même jour. Il a été jeté à terre, le visage écrasé, provoquant ecchymoses et saignements, pendant que d’autres militaires endommageaient sa caméra et effaçaient les données de son disque dur. Il a par la suite été embarqué dans une voiture militaire puis libéré quelques heures après, sur une route entre Nabi Saleh et le village de Kafr A’yn. Sa caméra lui a été restituée sans son disque dur, selon l’agence Ma’an.
Le 9 juillet, le photographe palestinien Hazem Bader avait été blessé aux jambes par une grenade assourdissante lancée par un soldat israélien, dans le village d’Al-Tawani, au sud de la ville d’Hébron (sud de la Cisjordanie), alors qu’il couvrait, pour Associated Press, une opération de soutien aux villageois d’Al-Tawani. Hazem Bader souffre aujourd’hui de multiples brûlures aux pieds.
De plus, le 8 juillet, le journaliste Mustapha Sabri s’est vu interdire de passer le check-point d’Al-Karama afin de se rendre en Jordanie.