Les membres du TMG de l'IFEX saluent les courageuses femmes journalistes, activistes, avocates et juges qui n'ont jamais cessé de réclamer une plus grande liberté d'expression.
(TMG de l’IFEX) – 8 mars 2011 – Pour souligner le 100e anniversaire de la Journée internationale des femmes, le 8 mars 2010, les membres du Groupe d’observation de la Tunisie organisé par l’Échange international de la liberté d’expression (TMG de l’IFEX), une coalition de 20 membres de l’IFEX, saluent les courageuses femmes journalistes, activistes, avocates et juges qui n’ont jamais cessé de réclamer une plus grande liberté d’expression et un meilleur respect des droits de la personne en Tunisie, en dépit des efforts du gouvernement pour les faire taire par tous les moyens possibles.
Les membres du TMG de l’IFEX ont fait parvenir un message de solidarité à l’Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD), une organisation partenaire de l’IFEX, et ont félicité la Présidente de l’ATFD Sana Ben Achour pour sa fermeté en dépit du harcèlement ciblé et incessant, tandis qu’elle réalisait un important travail de surveillance des médias pendant les élections. À l’occasion de la Journée internationale des femmes, les membres du TMG de l’IFEX ont transmis des roses symboliques à l’ATFD, qui organise un événement à Tunis les 12 et 13 mars sur le thème des « Femmes indépendantes de Tunisie après la révolution ».
« Nous avons été frappés par le dynamisme de l’ATFD, par sa ténacité et son courage absolu quand elle a pris position et dénoncé la violence contre les femmes face à l’extrême répression que devaient affronter à ce moment-là les activistes tunisiennes, quelques semaines avant la chute de Ben Ali, » a déclaré Tamsin Mitchell du PEN International. La visite en Tunisie en décembre de Mitchell et du président du TMG de l’IFEX Rohan Jayasekera, du groupe Index on Censorship, a été tenue secrète par souci de sécurité et s’est effectuée dans l’ombre d’un gouvernement oppresseur, dont la censure très sévère rendait difficile pour les voix indépendantes de se faire entendre.
« Ces dernières années, nous avons profité de la Journée internationale des femmes pour dénoncer les attaques contre les femmes en Tunisie, notamment la diffamation verbale et les injures auxquelles sont soumises les femmes journalistes et les activistes en Tunisie, » dit Jayasekera. « Cette année, heureusement, nous célébrons le courage des Tunisiens qui ont contribué à tourner la page et à passer à une démocratie où les femmes peuvent s’exprimer librement sans craindre des représailles. »
En décembre, le TMG de l’IFEX s’apprêtaient à collaborer avec l’ATFD pour s’attaquer aux sanctions qui visent les femmes juges indépendantes de l’Association des magistrats tunisiens (AMT), comme la secrétaire générale Kalthoum Kennou, qui ont été déplacées loin de leur famille et ont subi des réductions de salaire à la suite de leurs appels publics à une magistrature indépendante. Aujourd’hui, nous saluons la nouvelle que Kennou et d’autres femmes juges ont réintégré leurs postes à Tunis, et nous les appuyons dans la poursuite de leur important travail. Dans le passé, il y avait toute une myriade de moyens pour réduire au silence la libre expression, comme jeter en prison les journalistes au franc parler, mais Kennou et ses collègues sont déterminées à faire en sorte que les juges ne seront pas compromis lorsqu’ils entameront injustement des poursuites criminelles contre des travailleurs des médias.
Tandis que la Tunisie possède en effet une longue histoire de promotion des droits des femmes alors qu’ils ont été consacrés pendant les années 1950, ces droits n’ont pas été pleinement protégés sous le règne du Président Zine El Abidine Ben Ali, lequel a commencé en 1987. Les protections formelles des droits des femmes sous la Constitution servaient à déguiser des mesures oppressives du régime, qui est allée jusqu’à tromper les diplomates occidentaux pour les amener à adopter une approche plus mesurée envers le régime.
Le traitement que réserve le pays aux femmes qui prennent la parole fait que les progrès réalisés par le gouvernement en matière de droits des femmes apparaissent comme des promesses creuses. Depuis 2008, les médias favorables au gouvernement étaient mobilisés pour injurier les femmes journalistes et activistes, traiter de « prostituées » ou de « traîtresses à la solde de gouvernements ou de groupes étrangers » les femmes qui osaient critiquer le régime de Ben Ali. Parmi celles qui ont été persécutées se trouvent des femmes partenaires du TMG de l’IFEX, dont les journalistes Sihem Bensedrine et Naziha Rejiba, de l’Observatoire de la Liberté de la Presse, de l’Édition et de la Création (OLPEC), groupe membre de l’IFEX. L’un des objectifs du TMG de l’IFEX et de ses partenaires sera de collaborer à une réforme des médias où ceux-ci agissent de manière éthique et où ils ne se livrent pas à la diffamation.
« Quand un pays traverse une révolution aussi considérable que ce que vient de vivre la Tunisie, et qui a bénéficié en grande partie de la participation des femmes, les nouveaux dirigeants ne doivent pas ignorer les intérêts des femmes et la variété des rôles qu’elles pourraient jouer dans l’édification d’un nouveau pays où règnent pour tous la libre expression et le respect des droits de la personne, » a déclaré l’écrivaine Elisabeth Eide, du PEN de Norvège. Les femmes journalistes devraient pouvoir écrire librement sur l’évolution de la situation sans avoir à craindre le harcèlement, la prison ou d’autres attaques.
Pour en savoir plus sur le TMG de l’IFEX, consulter le site : http://ifex.org/tunisia/tmg/ ou vous pouvez trouver le TMG de l’IFEX à : http://www.facebook.com/IFEXTMG et aussi sur Twitter @TunisiaMonitor