À l'approche des élections libres, le TMG de l'IFEX appelle à la préservation du droit à la liberté de parole des citoyens tunisiens.
(TMG de l’IFEX) – le 9 juin 2011 – Le Groupe d’observation de la Tunisie organisé par l’Échange international de la liberté d’expression (TMG de l’IFEX), une coalition de 21 groupes membres de l’IFEX, s’inquiète vivement de l’arrestation de Samir Feriani, un officier de police au franc parler, et des accusations auxquelles il s’expose, et de ce qui apparaît comme le retour de la censure de l’Internet.
Feriani, un Commissionnaire supérieur de police, a été arrêté le 29 mai d’une manière extraordinaire après qu’une voiture fut entrée en collision avec la sienne, le forçant à s’arrêter. Il a été détenu en lien avec des accusations liées à une lettre tranchante au ministre de l’Intérieur Habib Essid dans laquelle il critiquait l’agence de renseignement de Tunisie et le Ministère de l’Intérieur, reprochant aux officiels actuellement en poste de laisser tuer des manifestants pendant la révolution, et disant que plusieurs de ceux qu’il appelle des « tortionnaires notoires » échappent toujours à la justice. Feriani a également fait état de corruption au ministère et a déclaré avoir subi de l’intimidation après avoir transmis une pétition au ministre de l’Intérieur pour attirer son attention sur la destruction de dossiers au ministère, dont certains ont été retirés du domicile de l’ancien chef de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), Yasser Arafat. Ses accusations ont été rapportées dans deux journaux, « El Khabir » et « l’Audace ».
Feriani a comparu le 2 juin devant un juge d’instruction du tribunal militaire de Bab Saadoun et est accusé en vertu du code pénal de « nuire à la sécurité extérieure de l’État », de répandre des informations « susceptibles de nuire à l’ordre public », et « d’accuser, sans preuves, un agent public de violer la loi ». Il risque la prison en cas de culpabilité.
Feriani a aussi critiqué la répression de sites web jugés critiques à l’égard de l’armée. La réapparition de la censure de l’Internet a mené le 23 mai à la démission de son poste de Secrétaire d’État à la Jeunesse et aux Sports du blogueur et activiste politique Slim Amamou. Cette démission a été annoncé afin de protester contre la fermeture de quatre sites web, fermeture à laquelle on a procédé à la demande de l’armée tunisienne.
Toujours le mois dernier, la police a réprimé brutalement une manifestation de protestation pacifique, le 6 mai, menée par des journalistes, tabassant certains d’entre eux et les arrêtant. Le lendemain, lors d’une autre manifestation de soutien aux journalistes, la police a cassé le bras de Najib Abidi, un « fixer » embauché en avril par l’Observatoire pour la Défense de la Liberté de la Presse, de l’Édition et de la Création (OLPEC), un membre de l’IFEX, pour assister dans la mission du TMG de l’IFEX.
« Cela ressemble au retour du genre de mauvaises habitudes dont, espérions-nous, la révolution tunisienne nous avait débarrassé », a déclaré le président du TMG de l’IFEX, Rohan Jayasekera, rédacteur en chef associé de Index on Censorship.
« Rappelant les récents engagements du Premier ministre de soutenir des médias libres, pris lors de rencontres avec le TMG de l’IFEX, nous le prions instamment de continuer à défendre le droit de la presse de représenter toutes les opinions, surtout dans l’intérêt public », a déclaré Virginie Jouan, représentante de l’Association mondiale des journaux et des éditeurs de médias d’information (WAN-IFRA), organisme qui présidait la mission.
« Feriani doit être remis en liberté immédiatement », a ajouté Jayasekera, « et le Premier ministre doit agir afin d’empêcher certaines factions de violer encore davantage le droit à la libre parole des citoyens tunisiens à l’approche d’élections libres ».
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