Agro TV, chaîne de télévision communautaire engagée dans le développement local, a dénoncé un attentat contre ses installations situées à Cerro Monjas, dans la province de Quillota.
(RSF/IFEX) – Le 24 novembre 2011 – Pas moins de cinq médias locaux privés et communautaires ont été les cibles de violentes attaques, les privant pour certains de toute possibilité d’émettre, au cours des dernières semaines dans trois pays d’Amérique du Sud. Reporters sans frontières s’engage en faveur de leur reconstruction.
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Agro TV, chaîne de télévision communautaire engagée dans le développement local, a dénoncé un attentat commis le 21 octobre dernier contre ses installations situées à Cerro Monjas, dans la province de Quillota (aux environs de Valparaíso, Centre). Elle se trouve aujourd’hui dans l’impossibilité d’émettre. Les câbles soutenant la tour de transmission ont été sectionnés, ce qui a provoqué sa chute et la destruction de la quasi-totalité des équipements. Les installations ont été partiellement cambriolées.
Directeur d’Agro TV, César Ramos Silva, reste prudent quant au mobile de l’attentat mais n’exclut pas la piste du conflit ouvert avec le secteur audiovisuel commercial. « A côté de ma fonction de gérant de cette chaîne rurale, je suis aussi vice-président de l’Association nationale de radios communautaires et citoyennes du Chili (ANARCICH), et ces derniers mois, j’ai mené à bien de nombreuses actions au sein de l’organisation contre la concentration et l’abus des radiodiffusions commerciales, ce qui m’a valu gagner des inimitiés du président national de l’Association des radiodiffuseurs du Chili (ARCHI), qui est justement radiodiffuseur dans la localité où émet Agro TV », a-t-il expliqué à Reporters sans frontières. César Ramos Silva reconnaît ne pas avoir de preuves formelles permettant d’étayer pour l’instant cette hypothèse.
Pourtant, la concurrence déloyale existe et elle ajoute à la situation, fragile, des radios communautaires chiliennes, en l’absence de législation adéquate leur ménageant une juste place dans le paysage audiovisuel. Un risque d’extinction, par voie judiciaire, pèse désormais contre Kimche Mapu ( http://radio-kimchemapu.blogspot.com/ ) radio communautaire Mapuche, pour « interception de télécommunications » suite à une plainte déposée par Gilberto Santana, conseiller municipal et propriétaire de la station Radio Lanco.
« Cette situation est inadmissible tant le conflit d’intérêt révélé par cette plainte est flagrant. L’acharnement procédurier contre Kimche Mapu est indigne compte tenu de la couverture limitée de la station, qui concerne cinq communautés de 1 300 personnes au total. Kimche Mapu réclame depuis longtemps sa régularisation complète et ce processus souffre un retard indu », a déclaré Reporters sans frontières qui s’associe à l’Association mondiale des radios communautaires (AMARC) pour que soit réformée, sinon remplacée, la loi 20.433 sur les radios communautaires et citoyennes promulguée en 2010.
Dans le contexte des protestations étudiantes, l’année 2011 aura été marquée par de nombreuses brutalités des forces de l’ordre envers la presse. Reporters sans frontières condamne la détention et les mauvais traitement infligés par les carabiniers, le 21 novembre, au journaliste de la station ADN Estebán Sánchez et de son collègue brésilien indépendant Victor Farinelli ( http://narrativasargentinas.wordpress.com/2011/11/22/relato-do-jornalista-brasileiro-que-foi-vitima-de-agressao-no-chile/ ), en marge d’un hommage controversé à Miguel Krassnoff, militaire condamné pour violations des droits de l’homme sous la dictature.