"Il ne se passe pas un jour sans qu'un journaliste soit interpellé, menacé, ou la cible d'intimidations", a déclaré RSF.
(RSF/IFEX) – Alors que le mouvement de protestation entre dans son 55e jour, les menaces et les intimidations à l’encontre de journalistes se multiplient. « La situation actuelle est préoccupante. Il ne se passe pas un jour sans qu’un journaliste soit interpellé, menacé, ou la cible d’intimidations. Nous réitérons notre appel lancé le 25 mars dernier en direction des autorités du Kurdistan irakien, pour qu’elles assument leurs responsabilités, en garantissant la protection des journalistes et leur droit à travailler librement. De leur côté, les responsables des deux principales formations politiques, le Parti démocratique du Kurdistan et l’Union patriotique du Kurdistan, doivent appeler au calme et donner des consignes claires dans le même sens à leurs partisans », a déclaré Reporters sans frontières.
La voiture de Soran Omer, journaliste pour le parti Groupe islamique du Kurdistan, et ancien rédacteur en chef du magazine « Rega », a été incendiée le 9 avril 2011, à 2h20 du matin, à Suleimanieh. « On dormait quand on a entendu une forte explosion devant la maison. Un voisin est venu m’aider à éteindre l’incendie. Je suis allé porter plainte auprès du tribunal de première instance de Suleimanieh. Mais la police ne semble pas désireuse d’ouvrir une enquête. Tout ceci est lié à mes articles critiquant la situation au Kurdistan irakien et à mes interventions publiques sur la place de la Liberté », a confié le journaliste.
Le lendemain, le véhicule d’Adil Hassan, journaliste à l’Union islamique du Kurdistan (UIK), a également été incendié à Suleimanieh.
Le 10 avril également, deux journalistes de Speda, chaîne satellitaire de l’UIK, le reporter Farhad Muhamad et le caméraman Abdulla Ahmed, ont été interpellés à Zakho (sud de la ville de Duhok) par les forces de sécurité du Parti démocratique du Kurdistan, alors qu’ils étaient venus couvrir des manifestations pour exiger une amélioration des services publics.
Niyaz Abdulla, reporter et présentateur pour Radio Nawa, et le journaliste d’Hawlati, Wiriya Hama Salih, ont été interpellés pendant près de deux heures le 5 avril, alors qu’ils couvraient la marche des étudiants de l’université de Salaheddine en direction du ministère de l’Education supérieure. « J’ai été forcé de leur donner mon téléphone portable, mon enregistreur et ma caméra. Ils ont exigé la carte mémoire que je venais d’enlever, mais j’ai refusé », a déclaré Niyaz Abdulla à Reporters sans frontières. La journaliste n’a toujours pas récupéré son matériel.
De son côté, Umed Omarawayi, reporter pour Payam TV et pour « Komal News » dans la ville de Soran, (100 km au nord-est d’Erbil), a été pris à partie par des policiers le 5 avril alors qu’il prenait des photos dans l’hôpital de la ville.
Balen Othman, reporter pour le site officiel d’informations de l’Union islamique http://www.Kurdiu.org , déclare avoir été interpellé le 5 avril, par les forces de sécurité du Parti démocratique du Kurdistan, dans le centre d’Erbil, alors qu’il prenait des photos. Il a été relâché après avoir été conduit au bureau des Asayesh.
Le 4 avril, une équipe de la chaîne Payam n’a pas été autorisée à entrer dans la ville d’Erbil, refoulée au premier check-point. Selon Rebwar Mirani, un des responsables de la chaîne, les forces de sécurité du Parti démocratique du Kurdistan reprochait à l’équipe de travailler pour un média d’opposition. « Ils nous ont dit : ‘Vous êtes des fauteurs de trouble. Vous ne pouvez pas entrer dans des territoires du PDK », a-t-il rapporté à Reporters sans frontières.
Les menaces de mort visant les journalistes n’ont pas cessé. Ali Mahmoud, journaliste freelance et éditorialiste pour l’hebdomadaire « Awene », a été menacé de mort à treize reprises dans la nuit du 7 au 8 mars 2011. « J’étais chez-moi quand le numéro 075 03 71 15 74 m’a appelé 13 fois entre minuit 9 et minuit 54. J’ai répondu à cinq appels. La dernière fois que j’ai décroché, un homme m’a dit ‘Demain, tu es un homme mort' », a confié le journaliste à Reporters sans frontières. Le journaliste Rabar Uzer a également reçu des menaces de mort le 7 mars par téléphone, s’il continuait à couvrir les manifestations sur la place de la Liberté à Suleimanieh. Nzar Gzali, rédacteur de l’hebdomadaire « Awene » à Erbil, a, quant à lui, porté plainte après avoir reçu, le 6 mars, des menaces du fait de son activité journaliste pour le journal « Awene ».