"Il est à craindre que le pays n'entre dans une nouvelle phase de violences à l'encontre des médias qui osent critiquer la ligne imposée par le pouvoir", s'est inquiétée RSF.
(RSF/IFEX) – Le 3 août 2010 – Intimidations et menaces contre les journalistes se multiplient. La classe politique n’hésite pas à recourir à la violence physique et armée à l’encontre des professionnels des médias qui osent dénoncer corruption et détournements de fonds. Les interpellations arbitraires, en dehors de tout cadre légal, tendent à devenir pratique courante.
« Après les signes engageants montrés par les autorités qui avaient abandonné les poursuites contre 33 journalistes, à l’occasion du vingtième anniversaire de la réunification du pays, en mai dernier, les autorités avaient montré des signes engageants en abandonnant les poursuites qui pesaient contre trente-trois journalistes, la situation devient de plus en plus préoccupante. Il est à craindre que le pays n’entre dans une nouvelle phase de violences à l’encontre des médias qui osent critiquer la ligne imposée par le pouvoir », s’est inquiétée Reporters sans frontières.
Des hommes politiques intolérants à la critique
Dans la nuit du 12 au 13 juillet 2010, la maison du rédacteur en chef de l’hebdomadaire Al-Diyar, Mohamed Al-Shaarbi, a été la cible de tirs. C’est la huitième fois que le domicile du journaliste, connu pour ses articles critiquant la politique du gouverneur de Taez, est pris pour cible.
Journaliste dans le même journal, Mohamed Al-Moqri a été arrêté le 4 juillet devant le kiosque de vente de journaux et placé en garde à vue pendant 24 heures par la Sécurité politique. Les policiers qui l’ont interrogé ont exercé des pressions afin qu’il cesse d’écrire.
Plusieurs journalistes du journal avaient été condamnés par le tribunal yéménite spécialisé dans les délits de presse, avant que les charges pesant à leur encontre soient abandonnées au début du mois de juin 2010. Le 4 mai 2009, le ministère de l’Information avait décidé d’interdire l’impression de huit publications, dont l’hebdomadaire Al-Diyar, accusées de « séparatisme ».
Le 11 juillet 2010, le journaliste Majid Karout, reporter pour le site Al-Masdar Online, a fait l’objet de menaces et d’insultes de la part du gouverneur de la région d’Al-Bayda, Mohamed Nasser Al-Amiry, lors d’une remise de diplôme. Le journaliste avait écrit plusieurs articles critiquant sa politique et les affaires de corruption l’impliquant. A noter que Mohamed Nasser Al-Amiry avait déjà menacé l’ancien directeur de publication du site Sanaa Press ( http://sanaapress.net/ ) et propriétaire du journal Al-Tajdid, Hossein al-Leswas. Le journaliste avait été condamné à un an de prison ferme par le tribunal en charge de juger les délits de presse et de publication de Sanaa.
Arrestations arbitraires et violences contre les journalistes
À la sortie de son bureau à Sanaa le 26 juillet 2010, Aref Al-Sammay, journaliste pour Al-Thawry du parti socialiste, a été emmené par trois hommes armés se présentant comme des membres des forces de sécurité. Après lui avoir confisqué son téléphone portable, son argent et sa montre, ils l’ont passé à tabac. Le journaliste est parvenu à s’enfuir.
Dans la nuit du 12 au 13 juillet 2010, le journaliste de l’agence de presse yéménite Abdullah Shae, a été enlevé par huit hommes armés dans une ruelle de Sanaa et conduit, menotté et les yeux bandés, au centre de sécurité de la police de la sécurité d’État de la capitale. Victime de mauvais traitements, il a notamment été frappé au visage. Il n’a été libéré que plusieurs heures plus tard. Ce journaliste est spécialiste des questions de terrorisme et du réseau Al-Qaida.
Le 8 juillet 2010, le directeur de publication du journal gouvernemental al-Mithaq net, Ahmed Al-Ramay, a reçu des menaces de mort et d’enlèvement par SMS. Également visés par des menaces similaires, les membres de sa famille restent confinés dans leur maison. Le journaliste a fait appel aux autorités de son pays pour qu’elles assurent sa protection.