Le photographe indépendant Robert Stolarik attend toujours que son matériel lui soit rendu, après la violente agression dont il a été victime de la part d'agents de la police de New York.
(RSF/IFEX) – le 9 août 2012 – Photographe indépendant, sous contrat avec le New York Times, Robert Stolarik, attend toujours que son matériel lui soit rendu, après la violente agression dont il a été victime de la part d’agents de la police de New York (NYPD), le 4 août 2012. « Il m’est difficile d’aller dehors et de me sentir à l’aise en faisant mon travail avec des charges retenues contre moi », a notamment confié le journaliste à Reporters sans frontières.
Depuis l’agression, Robert Stolarik est en effet poursuivi pour « obstruction à l’administration du gouvernement » et « résistance à une arrestation » dont il devra répondre lors d’une audience fixée au 29 novembre prochain. Reporters sans frontières réclame, sans délai, la levée des accusations retenues contre le photographe et considère la confiscation de son matériel comme une rétention d’éléments de preuve utile à l’enquête sur les circonstances exactes de l’incident survenu le 4 août dans le Bronx.
« Les brutalités attestées dont Robert Stolarik a été victime démontrent que les services de police n’ont, pour beaucoup, toujours pas tiré les enseignements des nombreuses atteintes à la liberté d’informer par leurs fonctionnaires dans le contexte du mouvement Occupy Wall Street. Plus de 80 journalistes ont subi ces violences, parfois assorties d’inculpations, depuis septembre 2011 dans une douzaine de villes. A l’exigence d’enquêtes sérieuses sur les abus attribués aux forces de l’ordre s’ajoute la nécessité d’une meilleure formation de leurs représentants, à laquelle les journalistes peuvent contribuer. Certains cas récents, dont celui de Robert Stolarik, rappellent cet impératif », a déclaré Reporters sans frontières.
Robert Stolarik photographiait, dans la nuit du 4 août, l’arrestation d’une mineure de 16 ans lorsque les policiers présents lui ont ordonné de cesser, alors qu’il s’identifiait comme journaliste travaillant pour le New York Times et leur demandait leurs badges. Projeté et menotté au sol malgré ses protestations, le journaliste a été emmené dans un commissariat dont il est ressorti après 4 heures du matin. Robert Stolarik souffre du dos et présente des contusions aux bras, aux jambes et au visage.
Compte tenu de cette affaire, Robert Stolarik nous a confié qu’il n’irait sans doute pas couvrir la convention républicaine de Tampa, du 27 au 30 août prochain, dans la perspective de l’élection présidentielle du 6 novembre prochain. Reporters sans frontières espère que ladite convention ne donnera pas lieu à de nouvelles violences contre des journalistes, comme ce fut le cas en 2008 à Minneapolis. Au début de l’année 2012, un journaliste de Memphis et un vidéaste de Baltimore témoin d’une arrestation s’étaient affrontés aux policiers présents. Le premier, Casey Monroe, d’ABC 24 News, avait été brièvement détenu.
Accusé d’espionnage
Fondateur du site CopBlock, spécialisé dans la couverture des agissements de la police, Adam Mueller, risque désormais vingt-et-un an de prison pour trois charges d' »espionnage » dont il devra répondre à partir du 13 août prochain. Traitant d’un cas de violence entre élèves à Manchester (New Hampshire), le journaliste s’était entretenu du sujet avec le directeur de l’établissement scolaire concerné, une secrétaire et un policier auprès desquels il s’était identifié professionnellement. Faute, d’après les intéressés, de les avoir prévenus qu’il enregistrait leurs témoignages, Adam Mueller encourt une peine hélas prévue par la loi de l’État du New Hampshire. « Bien que légale dans sa forme, l’accusation d’espionnage est sans commune mesure avec la nature des faits rapportés. Dès lors qu’un individu s’identifie comme journaliste et que ses interlocuteurs acceptent de lui parler, doit-il en plus obtenir une autorisation spéciale d’enregistrer la conversation ? Nous attendons de la justice du New Hampshire qu’elle innocente Adam Mueller d’une accusation aussi délirante que disproportionnée », a conclu Reporters sans frontières.