Agressions, arrestations, interdictions d'accéder à certaines parties du territoire, expulsions, disparitions, etc, telles sont les mesures mises en place par les autorités pour intimider les journalistes qui cherchent à faire leur métier de manière libre, indépendante et professionnelle.
(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières exprime son inquiétude pour le sort des deux journalistes libanais de Reuters Television, suite à l’annonce, dimanche 27 mars 2011, par l’agence de leur disparition en Syrie, depuis la veille dans l’après-midi. L’organisation condamne également fermement le retrait, par les autorités syriennes, de l’accréditation du correspondant de Reuters à Damas, le 25 mars.
Au cours des derniers jours, les autorités syriennes ont renforcé leur dispositif sécuritaire afin d’imposer un black-out médiatique sur les manifestations et la répression policière. Agressions, arrestations, interdictions d’accéder à certaines parties du territoire, expulsions, disparitions, etc, telles sont les mesures obsolètes et archaïques mises en place par les autorités pour intimider les journalistes qui cherchent à faire leur métier de manière libre, indépendante et professionnelle.
Dans un communiqué publié le 27 mars, l’agence Reuters a indiqué avoir perdu contact avec ses deux journalistes, le producteur Ayat Basma et le cameraman Ezzat Baltaji, la veille alors qu’ils étaient attendus au Liban, après que le cameraman ait laissé un dernier message sur le répondeur d’un de ses collègues à Beyrouth lui disant : « Nous partons maintenant ». D’après l’agence, « le taxi qui a été envoyé pour les ramener ne les a pas trouvés au point de rencontre à la frontière ». Reuters indique s’être adressée aux autorités compétentes en Syrie, leur demandant d’assurer la sécurité des deux journalistes et de garantir leur retour sains et saufs à leur domicile. Au cours des jours précédant leur disparition, les deux journalistes avaient couvert les manifestations hostiles au président syrien Bachar al-Assad.
Par ailleurs, l’agence a annoncé, sur son site internet, qu’un de ses correspondants s’était vu retirer son accréditation, accusé par les autorités syriennes de couvrir de manière « fausse et non professionnelle » les événements dans le pays. Khaled Ya’qoub Oweis, un ressortissant jordanien, en poste depuis février 2006, était le premier correspondant étranger accrédité par Reuters à Damas.
En outre, des journalistes ont confirmé à Reporters sans frontières que le vendredi 25 mars, les forces de sécurité syriennes ont interdit aux médias d’entrer dans la ville de Deraa, les obligeant à regagner la capitale par convois encadrés par les forces de sécurité. Les autorités ont justifié une telle interdiction par la nécessité d’assurer leur sécurité, exigeant l’obtention d’une autorisation du ministère de l’Information afin d’entrer dans la ville . . . alors que c’était vendredi, jour de fermeture des administrations.
Malgré la levée de l’état d’urgence et la libération de 260 détenus, le blogueur kurde Kamal Hussein Sheikou, tout comme le blogueur Ahmed Hadifa et le journaliste et écrivain Mohamed Dibo, arrêtés depuis le début du mouvement de contestation populaire, sont toujours détenus. Le journaliste et écrivain Ali Al-Abdallah, condamné à 18 mois de prison ferme pour « volonté de nuire aux relations de la Syrie avec un autre Etat », est également toujours incarcéré.