Le jury à venir ne se prononcera pas sur la question de la responsabilité de Mumia Abu-Jamal dans le meurtre du policier Daniel Faulkner, le 9 décembre 1981 à Philadelphie, faits pour lesquels il a été condamné à la peine capitale.
(RSF/IFEX) – Le 27 avril 2011 – Sur décision de la Cour d’appel fédérale de Philadelphie, rendue le 26 avril 2011, la justice de l’État de Pennsylvanie dispose désormais de 180 jours pour sélectionner un nouveau jury chargé de réexaminer la condamnation à mort de Mumia Abu-Jamal.
Cet arrêt nourrit l’espoir de voir enfin le journaliste indépendant afro-américain sortir du couloir de la mort où il est enfermé depuis 1982. Néanmoins, le jury à venir ne se prononcera pas sur le fond du dossier, autrement dit sur la question de la responsabilité de Mumia Abu-Jamal dans le meurtre du policier Daniel Faulkner, le 9 décembre 1981 à Philadelphie, faits pour lesquels il a été condamné à la peine capitale.
« Reporters sans frontières accueille avec satisfaction et prudence la dernière décision de la cour d’appel fédérale de Philadelphie. Satisfaction, car la condamnation à mort de Mumia Abu-Jamal se trouve de fait suspendue en attendant la décision du nouveau jury. Prudence, car le jury en question a encore la possibilité de confirmer la condamnation à mort ou de la commuer en peine de prison définitive. Prudence encore, attendu que le procureur pennsylvanien Seth Williams a annoncé qu’il interjetterait appel de la décision de la Cour d’appel de Philadelphie devant la Cour suprême fédérale, laquelle a systématiquement rejeté jusqu’ici les recours des défenseurs de Mumia Abu-Jamal », a déclaré l’organisation.
« Le soutien à la cause de Mumia Abu-Jamal reste d’actualité, au-delà même d’une décision du nouveau jury qui écarterait définitivement le châtiment suprême le concernant. On ne pourra parler de satisfaction réelle que le jour où interviendra une décision sur le fond, susceptible de modifier un verdict vieux de trente ans, entaché d’irrégularités et de racisme », a conclu Reporters sans frontières.
Nous, Reporters sans frontières, estimons que :
– Mumia Abu-Jamal n’a pas bénéficié d’un procès équitable et doit à ce titre être rejugé avec toutes les garanties d’impartialité.
– La condamnation à mort de Mumia Abu-Jamal ajoute au scandale d’un procès inique, le doute devant profiter à l’accusé comme dans n’importe quel État de droit.
– La qualité de journaliste militant de Mumia Abu-Jamal a pesé sur sa condamnation à mort, en 1982, envers et contre les principes de liberté de conscience et de liberté d’expression consacrés par la Constitution des États-Unis d’Amérique.
– La loi adoptée par l’État de Pennsylvanie en 1996 – également appelée « Loi Mumia » – prohibant toute image et tout enregistrement sonore ou filmé d’un prisonnier condamné à mort, viole le principe de libre circulation de l’information entériné par la Constitution et la législation fédérale.
– La peine de mort est incompatible avec l’État de droit et doit être abolie aux États-Unis comme partout ailleurs où elle est encore appliquée ou maintenue dans son principe.