Très affaibli depuis son incarcération en 2003, le correspondant cubain de RSF a fêté son anniversaire derrière les barreaux.
(RSF/IFEX) – Très affaibli depuis son incarcération, le correspondant cubain de Reporters sans frontières, Ricardo González Alfonso « fête » le 18 février 2010 son 60e anniversaire derrière les barreaux. Condamné à vingt ans de prison en 2003 pour le simple fait d’avoir exercé son métier, le journaliste a dû supporter les mauvais traitements et les vexations infligées aux prisonniers d’opinion. En plus d’être correspondant pour Reporters sans frontières, Ricardo González avait fondé et dirigé la société de formation Manuel Márquez Sterling et le bimestriel « De Cuba ». Il a reçu le prix Reporters sans frontières pour l’année 2008 dans la catégorie « journaliste ».
Ricardo González Alfonso a été arrêté le 18 mars 2003, lors de la vague de répression sans précédent lancée par le gouvernement cubain, dite du « Printemps noir ». Jugé le 4 avril 2003 avec son ami, le poète et journaliste Raúl Rivero, il a été accusé sans la moindre preuve d’être un « agent à la solde des Etats-Unis » et condamné en conséquence à vingt ans d’emprisonnement. Dix-neuf des vingt-cinq journalistes actuellement détenus à Cuba ont été arrêtés lors du « Printemps noir » et condamnés à des peines allant de 14 à 27 ans de prison.
Malgré ses problèmes de santé, en particulier pulmonaires, Ricardo González Alfonso reste maintenu en cellule au pénitencier du Combinado del Este (La Havane). Il a subi quatre interventions chirurgicales en 2006 et 2007. Après un long séjour à l’hôpital carcéral, il a été reconduit en cellule le 27 janvier 2008, malgré un état de santé toujours fragile. Il s’est vu administrer avec retard, le 26 janvier 2010, un traitement qu’il attendait depuis des mois. Comme d’autres prisonniers politiques, il a séjourné dans des cellules collectives avec des détenus de droit commun et a ainsi été exposé aux violences et aux brimades. « Nous tenons les autorités de La Havane pour responsables de l’état de santé du journaliste », a mis en garde Alida Viso Bello, l’épouse de Ricardo González Alfonso.
La répression, particulièrement vive contre les blogueurs, n’a pas cessé depuis l’accession officielle de Raúl Castro à la présidence, le 24 février 2008. Au début de février 2010, le journaliste dissident Carlos Serpa Maceira a dénoncé son exil forcé sur l’Île de la Jeunesse, après une brève détention assortie de passages à tabac.
Aucune évolution positive en matière de droits de l’homme ne se fait jour à Cuba malgré la signature par les autorités de La Havane des deux Pactes de l’Onu relatifs aux droits civils et politiques qui incluent la liberté d’expression. Ricardo González Alfonso, comme tous les autres journalistes emprisonnés, doit être libéré.