Si un professionnel de l'information étranger est arrêté, il risque quelques jours de détention puis l'expulsion tandis que les Syriens, eux, paient beaucoup plus cher leur implication.
(RSF/IFEX) – Le 15 novembre 2011 – Reporters sans frontières appelle les médias étrangers à assurer une meilleure protection de leurs collaborateurs syriens et de leurs sources d’informations dans le pays. Les fixeurs, traducteurs, chauffeurs mais aussi les témoins et toutes les personnes qui communiquent des informations sur la situation en Syrie prennent des risques considérables. Il faut en tenir compte.
« Nous avons connaissance de dizaines de Syriens arrêtés et torturés après avoir témoigné auprès de médias étrangers sur la répression dans leur pays. D’autres ont été arrêtés pour avoir travaillé avec des journalistes étrangers présents en Syrie ou à l’étranger. Les services de sécurité syriens ont lancé une véritable chasse, sans précédent, à tous ceux qui aident ou communiquent avec des reporters étrangers. Les rédactions internationales doivent faire preuve de la plus grande prudence dans leurs contacts avec des Syriens. Chaque fois qu’un Syrien témoigne de la situation dans son pays, lui et sa famille s’exposent à de graves représailles », s’est inquiétée Reporters sans frontières.
« S’il est nécessaire de continuer à informer le plus largement et le plus complètement possible sur la situation en Syrie, il est crucial d’évaluer au mieux les risques pris par ceux qui communiquent ces informations. Le devoir d’informer ne doit pas se faire au détriment de la sécurité des sources », a ajouté l’organisation.
Le fixeur syrien d’un journaliste étranger a récemment dénoncé auprès de Reporters sans frontières les « reporters desperado » qui cherchent « leur quart d’heure de gloire en se faisant arrêter », sans mesurer les conséquences pour les personnes qui les ont aidés ou accompagnés. Si un professionnel de l’information étranger est arrêté en Syrie, il risque quelques jours de détention puis l’expulsion. Les Syriens, eux, paient beaucoup plus cher leur implication. L’organisation a recensé des dizaines de cas de personnes qui ont travaillé avec un journaliste étranger ou simplement répondu aux sollicitations d’un média international et dont on est aujourd’hui sans nouvelles.
Des représentants du Conseil national syrien en exil et des journalistes locaux ont expressément demandé à Reporters sans frontières de faire passer un message clair aux journalistes étrangers afin qu’ils ne se rendent plus en Syrie tant que la situation n’a pas évolué. « They should leave the country ASAP and stay out ».
« Ce n’est pas notre propos. Mais nous appelons l’ensemble des professionnels de l’information à la plus grande vigilance, d’autant que beaucoup d’entre eux ne connaissent pas le pays et ignorent les méthodes utilisées par les moukhabarat pour traquer les collaborateurs des médias étrangers », a conclu Reporters sans frontières.