Abdul Ilah Haydar Shae est injustement maintenu en détention malgré la publication d'un décret présidentiel dans lequel le chef de l'État yéménite avait annoncé sa libération.
(RSF/IFEX) – Le 8 février 2011 – À l’occasion de la visite officielle, à Paris, du ministre des Affaires étrangères du Yémen, Dr. Abou Bakr Al Qirbi, ce mardi 8 février 2011, Reporters sans frontières adresse aujourd’hui une lettre à la chef de la diplomatie française, Michèle Alliot-Marie, afin d’attirer son attention sur le sort d’un journaliste emprisonné dans ce pays. Abdul Ilah Haydar Shae a été condamné, le 18 janvier 2011, à cinq ans de prison ferme. Il est injustement maintenu en détention malgré la publication, le 1er février dernier, d’un décret présidentiel dans lequel le chef de l’État yéménite, Ali Abdullah Saleh, avait annoncé sa libération.
Michèle Alliot-Marie
Ministre des Affaires étrangères et européennes
37, quai d’Orsay
75 007 Paris
Paris, le 8 février 2011,
Madame le Ministre,
À l’occasion de la visite de votre homologue yéménite, Dr. Abou Bakr Al Qirbi, à Paris ce mardi 8 février 2011, Reporters sans frontières souhaite attirer votre attention sur le sort du journaliste yéménite, Abdul Ilah Haydar Shae, arrêté le 16 août 2010 et condamné, le 18 janvier 2011, à cinq ans de prison ferme et à deux ans de résidence surveillée par le tribunal chargé des affaires terroristes à Sanaa. Ce spécialiste d’Al-Qaïda dans la péninsule arabique est maintenu en détention malgré la publication, le 1er février dernier, d’un décret présidentiel dans lequel le président, Ali Abdullah Saleh, avait annoncé sa libération.
Nonobstant la publication de ce décret, la famille du journaliste n’a toujours pas été informée de la date de sa libération. L’organisation rappelle que depuis son arrestation le 16 août 2010, le journaliste est maintenu à l’isolement. Selon ses avocats, il a été victime d’actes de torture et de mauvais traitements.
La publication de ce décret présidentiel, moins de deux semaines après la condamnation du journaliste, montre comment les autorités yéménites utilisent la lutte contre le terrorisme comme prétexte pour faire condamner un journaliste connu pour son expertise sur les questions relatives à Al-Qaïda dans la péninsule arabique.
De manière générale, la situation de la liberté de la presse ne cesse de se détériorer dans le pays depuis mai 2009. De nombreux journalistes ont été arrêtés de manière arbitraire. Un tribunal spécial a été mis en place. Les publications indépendantes, accusées d’incitation au séparatisme, se trouvent censurées.
Nous vous serions reconnaissants d’évoquer le cas du journaliste Abdul Ilah Haydar Shae avec Dr. Abou Bakr Al Qirbi, lors de sa venue à Paris.
Je vous remercie de l’attention que vous porterez à notre demande, et je vous prie d’agréer, Madame le Ministre, l’expression de ma haute considération.
Jean-François Julliard
Secrétaire général de Reporters sans frontières