Dans une lettre adressée à Walter Guiteras, ministre de l’Intérieur, RSF a exprimé sa « vive préoccupation » suite aux atteintes répétées à la liberté de la presse survenues au cours des dernières semaines. Robert Ménard, secrétaire général de l’organisation, a prié « instamment » le ministre « de prendre les mesures nécessaires afin que les forces de sécurité boliviennes […]
Dans une lettre adressée à Walter Guiteras, ministre de l’Intérieur, RSF a exprimé sa « vive préoccupation » suite aux atteintes répétées à la liberté de la presse survenues au cours des dernières semaines. Robert Ménard, secrétaire général de l’organisation, a prié « instamment » le ministre « de prendre les mesures nécessaires afin que les forces de sécurité boliviennes cessent de faire pression sur les journalistes et les médias ». L’organisation a également demandé l’ouverture d’une enquête sur les menaces reçues par les journalistes de la chaîne de télévision PAT-Canal 39 et du quotidien « Presencia », ainsi que sur l’origine de l’alerte à la bombe reçue par le journal.
Selon les informations recueillies par RSF, le 13 avril 2000, la rédaction du quotidien « Presencia » a reçu un appel l’informant qu’une bombe avait été placée dans ses locaux. Gloria Eyzaguirre et Jaime Buitrago respectivement responsable de l’information et reporter du quotidien, ont déclaré avoir été menacés de mort ainsi que leur famille. Le journal avait publié une série d’articles sur les déclarations de Mario Diodatto, accusés de diriger des salles de jeux clandestines, à propos de ses liens avec certains cercles du pouvoir. D’après la rédaction, les menaces pourraient également provenir de groupes paramilitaires héritées de la dictature et hostiles à la ligne éditoriale du quotidien.
Par ailleurs, depuis le 10 avril, Oswaldo Rioja, correspondant de la chaîne de télévision PAT-Canal 39 à Cochabamba, le cameraman de la chaîne dans la même ville ainsi que la rédaction de cette station reçoivent des menaces. PAT-Canal 39 avait diffusé des images de la répression des manifestations par l’armée à Cochabamba. La veille, les radios Chaka, Radio Ondas del Titicaca et Radio Omazuyos de Achacachi, ont été occupées par l’armée et contraintes de suspendre leurs émissions. Les trois radios avaient rapporté les violences survenues dans la région du lac Titicaca. Le 8 avril, une coupure de courant survenue à Cochabamba et attribuée à l’armée, avait réduit au silence les radios et la télévision de cette ville pendant trois heures alors que l’état de siège venait d’être décrété par le gouvernement. Le 17 mars, Ximena Vazques, photographe du quotidien Presencia, avait déjà été agressée par des policiers alors qu’elle couvrait un mouvement de grève à La Paz.
Le 8 avril, le gouvernement bolivien a décrété l’état de siège pour répondre à un mouvement de protestation sociale initié par les organisations paysannes rejointes depuis par les associations d’étudiants. Six personnes sont mortes depuis le début des manifestations, 74 ont été blessées et 92 autres interpellées.