Deux médias appartenant à l'ancien président, Ali Abdallah Saleh, souvent pointés du doigt pour leur couverture des évènements au Yémen jugée trop tendancieuse, ont été fermés, le 11 juin 2014.
Deux médias appartenant à l’ancien président, Ali Abdallah Saleh, souvent pointés du doigt pour leur couverture des évènements au Yémen jugée trop tendancieuse, ont été fermés, le 11 juin 2014. Les locaux de la chaîne Al-Yemen Al-Youm et du journal du même nom ont été pris d’assaut par les officiers de la garde présidentielle. Accusés de chercher à bloquer la transition politique, ces médias ont été fermés sur « décision du président Abd Rabbo Mansour Hadi » ; décision qui a été « approuvée par le Conseil des ministres », a déclaré à l’Agence France-Presse Sultan Al-Barakani, secrétaire général adjoint du Congrès populaire général (CPG), parti de l’ancien président, avant d’ajouter : « Des forces de la Garde présidentielle ont fermé le siège de la télévision et du journal et saisi leurs équipements ». D’après le journal officiel Al-Thawra (la révolution), Al-Yemen Al-Youm « inciterait à la haine, à la violence et menacerait la paix sociale. Elle constitue ainsi une menace pour la sécurité et stabilité de l’État ». Par ailleurs, le journal ajoute que « le ministère de la Communication n’a jamais délivré de licence à Al-Yemen Al-Youm TV, et la direction de la chaîne ne s’est jamais souciée de la licence. Ils ont gardé le même comportement qu’avant la destitution de l’ancien président ».
Ces fermeture interviennent dans un contexte social très tendu. Excédés par les coupures de courant, d’eau et la pénurie de carburant qui paralyse Sanaa, les habitants de la capitale manifestent depuis quelques jours pour dénoncer l’inaction des pouvoirs publics. Les tensions vont crescendo. La dernière manifestation en date a rassemblé un millier de personnes le 11 juin 2014. Le président Abd Rabbo Mansour Hadi a décidé, le même jour, de procéder au remaniement du gouvernement.
« Nous exhortons les autorités à lever immédiatement et sans condition le blocage des médias arbitrairement fermés. La suspension d’un organe de presse ne peut en aucun cas se faire sur simple décision politique. De leurs côtés, les médias et les professionnels de l’information doivent faire preuve d’indépendance et de professionnalisme, jouant leur rôle de contre-pouvoir, en n’alimentant pas les tensions et différends politiques », déclare Reporters sans frontières.
« Nous sommes également très préoccupés par les agressions dont sont victimes les journalistes par les forces de l’ordre, notamment lorsqu’ils couvrent des manifestations, ajoute Reporters sans frontières.Nous rappelons que le Conseil des droits de l’homme des Nations unies a adopté le 28 mars dernier une résolution consacrant le rôle des journalistes dans la couverture des manifestations. Il est de la responsabilité des autorités de garantir la sécurité des professionnels de l’information ».
Le 12 juin 2014, les forces de sécurité ont agressé – sans raison apparente – le correspondant de Sky News, Mohamed Al-Kadhi, alors qu’il effectuait un reportage sur le mois de Ramadan, et cassé son matériel professionnel.
Le 7 juin, alors que des journalistes manifestaient devant l’imprimerie « 14 Octobre » à Aden pour dénoncer la corruption du directeur de l’imprimerie et exiger sa démission, des policiers anti-émeutes ont usé de gaz lacrymogènes et de balles réelles pour disperser les manifestants. Les forces de l’ordre s’en sont également pris aux journalistes venus couvrir le rassemblement. D’après le président de la branche du Syndicat des journalistes à Aden, Marwan Al-Janzir et le secrétaire général du Syndicat des travailleurs, Nawfel Rajah, 15 journalistes et 20 fonctionnaires de l’imprimerie ont été frappés et menacés avec des armes à feu par les forces anti-émeutes, avant d’être obligés de quitter les lieux. Le journaliste Hani Al-Mohtadi a été arrêté avant d’être relâché une heure plus tard.
Des cameramen de différentes chaînes télévisées ont été agressés et menacés par des policiers le 4 juin. Présents dans le quartier de ‘Aser de la capitale, pour couvrir une manifestation demandant la fin de la guerre dans le gouvernorat d’Amran (nord du gouvernorat de Sanaa) Mansour Allaw d’Al-Jazeera Musbasher, Mohamed Sallam de Sky News Arabia, Abdullah Al-Sofi d’Al-Arabiya, ont étéviolemment battus par les forces de l’ordre et interdits de couvrir la manifestation.