(RSF/IFEX) – Ci-dessous, un communiqué de presse de RSF, daté du 7 septembre 2001 : GUATEMALA Un journaliste assassiné Dans une lettre adressée au président de la République, Alfonso Portillo Cabrera, Reporters sans frontières (RSF) a exprimé sa profonde indignation après l’assassinat de Jorge Mynor Alegría Armendáriz, journaliste de Radio Amatique. « C’est parce qu’il dénonçait […]
(RSF/IFEX) – Ci-dessous, un communiqué de presse de RSF, daté du 7 septembre 2001 :
GUATEMALA
Un journaliste assassiné
Dans une lettre adressée au président de la République, Alfonso Portillo Cabrera, Reporters sans frontières (RSF) a exprimé sa profonde indignation après l’assassinat de Jorge Mynor Alegría Armendáriz, journaliste de Radio Amatique. « C’est parce qu’il dénonçait la corruption que ce journaliste vient d’être assassiné », a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de RSF. « Nous vous demandons que tous les moyens nécessaires soient mis à la disposition des enquêteurs pour que les assassins soient identifiés et punis », a ajouté M. Ménard. RSF a également demandé que des mesures soient prises pour garantir la sécurité des journalistes. Depuis le 1er janvier 2001, une vingtaine de professionnels de l’information ont été menacés ou agressés au Guatemala.
Selon les informations recueillies par RSF, Jorge Mynor Alegría Armendáriz, animateur de l’émission Línea Directa de Radio Amatique, situé à Puerto Barrios, dans le département d’Izabal (est du Guatemala) a été abattu, le 5 septembre 2001, par des inconnus, qui lui ont tiré dessus à six reprises, devant son domicile. Dans son émission, connue pour sa ligne éditoriale indépendante, le journaliste donnait la parole aux auditeurs et critiquait fréquemment les autorités. Le jour même, il avait rapporté que l’immunité parlementaire de David Pineda, député local du Front républicain guatémaltèque (FRG, au pouvoir) et ancien maire de la ville poursuivi pour des malversations présumées, avait été levée. Il avait annoncé qu’il enquêterait sur ces malversations et qu’il reviendrait sur ce sujet. La semaine précédente, il avait dénoncé le licenciement de soixante employés municipaux par le maire de la ville, Jorge Mario Chigua. A plusieurs reprises, il avait également dénoncé les pressions exercées par les autorités portuaires sur plusieurs employés qui critiquaient la corruption au sein de l’institution pour les contraindre à la démission.
La police a écarté l’hypothèse du vol, rien n’ayant été dérobé au journaliste. Selon le directeur de Radio Amatique, Javier Padilla, Jorge Mynor Alegría Armendáriz avait reçu des menaces de mort à plusieurs reprises. Le jour même, il avait déclaré à son collègue José Antonio Godinez qu’ils devaient « faire attention ». Cependant, d’après sa famille, il avait récemment déclaré qu’il « ne [se] vendrait jamais ». Quelques heures après l’assassinat, la police a arrêté deux suspects en possession d’une arme pouvant être celle du crime. Une expertise balistique devrait être réalisée. Le 6 septembre, un autre journaliste de Radio Amatique, Enrique Aceituno, a annoncé qu’il démissionnait après avoir révélé qu’il avait lui aussi reçu des menaces de mort. Il a déclaré que des inconnus lui avaient proposé de l’argent en échange de son silence sur la corruption des autorités de Puerto Barrios.
Depuis le 1er janvier 2001, une vingtaine de journalistes guatémaltèques ont été menacés et agressés, notamment après avoir dénoncé des affaires de corruption ou des irrégularités présumées au sein de l’administration. Fin mars, Sylvia Gereda, Luis Escobar, Enrique Castañeda et Martín Juaréz, du quotidien El Periodico, avaient été menacés ou agressés après la publication par le journal d’une enquête sur des malversations financières supposées du président de la banque de Crédit hypothécaire national impliquant certains membres du gouvernement.
RSF rappelle que Jorge Luis Marroquín, directeur de l’hebdomadaire El Sol Chortí, a été abattu en juin 1997 pour avoir dénoncé des irrégularités au sein de la municipalité de Jocotán (Est). Le 30 septembre 1999, ses deux assassins ont été condamnés à trente ans de réclusion, tandis que le présumé commanditaire, un ancien maire, est toujours en fuite. Le 27 avril 2000, le photographe Roberto Martínez, du quotidien Prensa Libre, a été tué alors qu’il couvrait une manifestation à Guatemala City. L’auteur des coups de feu, le vigile d’un centre commercial qui avait tiré sur les manifestants, a été condamné, le 19 février 2001, à dix-huit ans de prison.