(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au ministre de l’Intérieur, Armando Estrada, RSF a exprimé sa vive préoccupation après que quatre journalistes du département du Nariño (sud-ouest du pays) ont été déclarés objectif militaire dans un communiqué des Autodéfenses unies de Colombie (AUC – paramilitaires). Il s’agit de Germán Arcos, cameraman de Caracol Televison, Oscar […]
(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au ministre de l’Intérieur, Armando Estrada, RSF a exprimé sa vive préoccupation après que quatre journalistes du département du Nariño (sud-ouest du pays) ont été déclarés objectif militaire dans un communiqué des Autodéfenses unies de Colombie (AUC – paramilitaires). Il s’agit de Germán Arcos, cameraman de Caracol Televison, Oscar Torres, rédacteur en chef du « Diario del Sur », Cristina Castro, correspondante de la radio RCN, et Alfonso Pardo, conseiller pour la paix et ancien correspondant de l’hebdomadaire communiste « Voz ». « Il est temps que les groupes armés cessent de considérer les journalistes comme des cibles et le contrôle de l’information comme un enjeu », a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de RSF. L’organisation a demandé au ministre que tous les moyens soient mis en oeuvre pour assurer la sécurité des quatre journalistes.
Selon les informations recueillies par RSF, dans un communiqué publié le 9 novembre 2001, le front des AUC du Nariño a intimé l’ordre à Arcos, Torres, Castro et Pardo d’abandonner leur travail dans les 48 heures, sous peine d’être « jugés ». Les paramilitaires leur reprochent de couvrir l’actualité de « façon malhonnête ». Le lendemain, les journalistes ont quitté la province du Nariño sous escorte policière, pour gagner la capitale colombienne, où au moins trois d’entre eux ont pu s’entretenir avec le ministre de l’Intérieur pour envisager leur sortie du pays.
RSF rappelle que le 27 avril, Flavio Bedoya, correspondant de l’hebdomadaire « Voz » dans la province du Nariño, avait été assassiné de quatre balles (consulter les alertes de l’IFEX des 7 et 2 mai et 30 avril 2001). Le journaliste de l’organe officiel du parti communiste colombien avait reçu des menaces de mort après avoir publié, le 4 avril, un article sur des exactions commises par les paramilitaires près de Tumaco accompagné d’une interview d’un commandant des guérillas des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC – marxiste). Dans cet article, le journaliste critiquait « l’incapacité de l’armée et de la police à capturer les criminels ».
En Colombie, les journalistes sont devenus la cible privilégiée des AUC, des FARC et de l’Armée de libération nationale (ELN – guévariste). Pour RSF, Carlos Castaño (AUC), Manuel Marulanda (FARC) et Nicolas Rodríguez Bautista (ELN) font partie des prédateurs les plus néfastes pour la liberté de la presse. Avec quarante journalistes tués dans l’exercice de leur profession depuis 1991, la Colombie est le pays le plus dangereux du continent pour les professionnels de l’information.