(RSF/IFEX) – Dans une lettre du 18 août 2000 adressée au ministre de l’Intérieur, le général Abelardo Colome Ibarra, RSF a protesté contre l’interrogatoire subi par Martine Jacot, en mission pour RSF sur l’île, et la saisie de son matériel. Robert Ménard, secrétaire général de RSF, a demandé au ministre « que le matériel soit immédiatement […]
(RSF/IFEX) – Dans une lettre du 18 août 2000 adressée au ministre de l’Intérieur, le général Abelardo Colome Ibarra, RSF a protesté contre l’interrogatoire subi par Martine Jacot, en mission pour RSF sur l’île, et la saisie de son matériel. Robert Ménard, secrétaire général de RSF, a demandé au ministre « que le matériel soit immédiatement restitué à l’organisation ». « Cette mission n’avait pas un caractère officiel », a précisé Ménard, « car depuis 1996, les autorités cubaines n’autorisent pas les représentants de RSF, et d’autres organisations internationales de défense des droits de l’homme, à se rendre sur l’île. Cuba reste le seul pays d’Amérique latine où il n’existe aucune liberté de la presse et où des journalistes sont toujours emprisonnés ».
Le 17 août 2000, Jacot a été interpellée et interrogée à l’aéroport de La Havane par six membres des forces de sécurité alors qu’elle s’apprêtait à prendre un vol pour Paris. La journaliste française a été interrogée et fouillée pendant une heure et demie. Un camescope, une cassette vidéo et des documents ont été saisis. Jacot était arrivée une semaine plus tôt à Cuba pour rencontrer des membres des agences de presse indépendantes et les familles des journalistes actuellement emprisonnés. La mission ne revêtait pas un caractère officiel car depuis 1996, les autorités cubaines refusent aux représentants de RSF le droit de se rendre sur place pour enquêter sur la situation de la presse indépendante cubaine. En janvier, lors d’une conférence de presse donnée à Paris, Felipe Perez Roque, le ministre cubain des Affaires étrangères, avait expliqué que RSF avait « une vision biaisée de la réalité cubaine ». En juillet 1996, un représentant de l’organisation avait été refoulé à son arrivée à l’aéroport de La Havane. D’autres organisations internationales de défense des droits de l’homme tels qu’Amnesty International et Human Rights Watch ne sont pas autorisées à se rendre sur l’île.
A Cuba, où la Constitution stipule que « la liberté de parole et de la presse est soumise aux buts de la société socialiste », seule la presse officielle est autorisée. Une cinquantaine de journalistes indépendants, regroupés dans une dizaine d’agences de presse non reconnues par l’Etat, font l’objet d’un harcèlement constant. En 1999, huit d’entre eux ont dû s’exiler, cinquante ont été interpellés, quarante-et-un placés en résidence surveillée et trois sont toujours incarcérés. Il s’agit de Bernardo Arévalo Padron et Manuel Antonio González Castellanos, condamnés respectivement à six ans et trente et un mois de prison pour « outrage » au chef de l’Etat, et Jesús Joel Díaz Hernández, arrêté le 18 janvier et condamné, le lendemain, à quatre ans de prison pour « dangerosité sociale ».