Alors que le président égyptien vient d’affirmer sur CNN que son pays jouit d’une liberté d’expression sans précédent, RSF rappelle que le procès en appel de six journalistes injustement détenus et condamnés à la prison en avril dernier s’ouvre le 1er octobre.
Cet article a été initialement publié sur rsf.org le 16 septembre 2015.
Alors que le président égyptien vient d’affirmer sur CNN que son pays jouit d’une liberté d’expression sans précédent, RSF rappelle que le procès en appel de six journalistes injustement détenus et condamnés à la prison en avril dernier s’ouvre le 1er octobre. RSF demande leur libération immédiate et inconditionnelle.
Le 1er octobre, six journalistes seront de nouveau jugés aux côtés de responsables du groupe des Frères musulmans en Egypte dans le procès dit de la “salle des opérations de Rabaa”. Ils sont accusés de publications de “fausses nouvelles”, d’incitation à la violence et au chaos et d’avoir organisé une “salle des opérations” visant à orchestrer des attaques contre le gouvernement lors des manifestations pro-Morsi en août 2013 sur la place Rabaa Adawiya, au Caire. Ils avaient été condamnés à la prison à vie en avril dernier. Ces six journalistes qui travaillent pour différents médias ont tous en commun d’avoir couvert ces manifestations et d’être critiques du régime.
“Le procès en appel de ces journalistes est déterminant pour l’avenir de la liberté de la presse dans le pays, déclare Alexandra El Khazen, responsable du bureau Moyen-Orient & Maghreb. Le fait que ces journalistes soient jugés au même titre que des membres du groupe des Frères musulmans est extrêmement inquiétant. RSF appelle les autorités égyptiennes à annuler le premier jugement et à libérer ces journalistes détenus pour avoir fait leur métier d’information dans le pays”.
Parmi les six détenus figurent deux journalistes du site d’information Rassd, le co-fondateur et reporter Abdullah Alfakharany et le directeur exécutif Samhi Mostafa, qui ont été arrêtés en août 2013 avec le présentateur de la chaîne (religieuse) Amgad TV, Mohammed Al-Adly. Hani Salah Al-Deen, ancien directeur de la rédaction de la chaîne pro-Frères musulmans Misr 25 et ancien directeur du site d’information Youm7 a lui aussi été arrêté en décembre 2013 à l’aéroport du Caire. Mossab Al Barbary, directeur de la chaîne pro-Frères musulmans Ahrar 25 et ancien manager de Misr 25, a lui été arrêté à l’aéroport de Beyrouth où il se rendait pour du travail et déporté au Caire. Pour rappel, le site Misr 25 a été fermé par les autorités après la chute du président Morsi en juillet 2013. Enfin, Hassan Al Kabbani, rédacteur pour Rassd et le journal du parti des Frères musulmans, Justice et Liberté, a été arrêté en janvier 2015 à son domicile.
Lors de ce procès, huit autres journalistes sont également jugés sans que RSF n’ait pu établir le lien entre leur activité professionnelle et leur détention.
La plupart des journalistes détenus aujourd’hui en Egypte sont accusés directement ou indirectement de soutenir une organisation interdite, notamment celle des Frères musulmans, et d’inciter ainsi à la violence et à la diffusion d’informations mensongères. La confrérie des Frères musulmans a été déclarée “organisation terroriste” en décembre 2013.
L’Egypte est l’une des plus grandes prisons du monde pour les professionnels des médias après la Chine, l’Erythrée et l’Iran. Au moins 20 journalistes y sont emprisonnés. Le pays figure à la 158e position (sur 180) du Classement mondial de la liberté de la presse 2015.