RSF demande aux autorités fédérales de la Somalie et aux autorités locales du Puntland d’ouvrir une enquête sérieuse et approfondie pour identifier les auteurs de l'assassinat d'un journaliste d'une radio locale.
Cet article a été initialement publié sur rsf.org le 20 septembre 2018.
Reporters sans frontières (RSF) demande aux autorités fédérales de la Somalie et aux autorités locales du Puntland d’ouvrir une enquête sérieuse et approfondie pour identifier les auteurs de l’assassinat d’un journaliste d’une radio locale.
Le journaliste Abdirizak Said Osman a été poignardé à mort par des inconnus le mardi 18 septembre vers 23 heures, alors qu’il quittait sa radio, Voice of Peace, située à Galkacyo, une ville du centre de la Somalie dont la plus grande partie est administrée par la région semi-autonome du Puntland.
Selon les informations obtenues par RSF, le reporter avait récemment réalisé plusieurs reportages sur la détérioration de la situation sécuritaire dans sa région. Lundi, veille de l’assassinat, le rédacteur en chef de la radio affirme avoir reçu un appel d’une personne se réclamant du groupe terroriste islamiste Al-Shabab. Ce dernier a exigé que la radio cesse de diffuser les reportages « hostiles » du journaliste à l’égard de son mouvement et menacé de « passer à l’action » en cas de refus d’obtempérer.
« Menaces, attentats, assassinats, la liste des journalistes victimes du terrorisme sous toutes ses formes ne cesse de s’allonger en Somalie, constate Arnaud Froger, responsable du bureau Afrique de RSF. Il est impératif que les autorités fédérales somaliennes et les autorités locales du Puntland conduisent une enquête sérieuse et approfondie pour identifier les auteurs de cet assassinat et se mobilisent pour garantir la sécurité des journalistes ».
En 2014, une liste de cibles à abattre avait été retrouvée sur un combattant d’Al-Shabab. Parmi elles figuraient sept journalistes, dont Awil Mohamud Abdi, le directeur de radio Galkacyo, une autre station de la ville régulièrement visée par le groupe terroriste.
Avec 11 journalistes tuées depuis 2015 dont 8 ont été victimes du terrorisme, la Somalie demeure le pays le plus meurtrier pour les reporters en Afrique subsaharienne. Les auteurs des exécutions sont rarement identifiés et traduits devant la justice, perpétuant une situation d’impunité qui expose les journalistes aux pires atrocités.
Le 26 juillet dernier, RSF avait appelé à l’arrestation du meurtrier du caméraman de la chaîne privée SBS, Abdirizak Kasim Limaan, tué par balles le jour-même par un membre des forces de sécurité lors d’un contrôle routier dans la capitale Mogadiscio. Depuis, l’auteur de ce meurtre n’a toujours pas été arrêté.
La Somalie (168e) a perdu une place dans le Classement 2018 de la liberté de la presse établi par RSF.