Ce revirement partiel du gouvernement suggère que le décret obligeant les chaînes câblées à retransmettre les discours fleuves du président Chávez était dirigé contre RCTVI.
(RSF/IFEX) – Trois des six chaînes câblées suspendues depuis le 24 janvier 2010 ont obtenu trois jours plus tard l’autorisation d’émettre à nouveau. Il s’agit d’American Network, Ritmo Son (du groupe mexicain Televisa) et TV Chile. Les chaînes Momentum (mexicaine), America TV (péruvienne) et RCTV-Internacional (RCTVI), restent interdites de diffusion. Ce revirement partiel du gouvernement tend malheureusement à confirmer que le décret du 22 décembre 2009, obligeant les chaînes considérées comme « producteur audiovisuel national » à retransmettre les discours fleuves (« cadenas ») du président Hugo Chávez, était en fait dirigé contre RCTVI et elle seule.
Il y a de quoi s’alarmer de l’effet provoqué par ce nouvel épisode de la « guerre médiatique » vénézuélienne, au vu des manifestations qui se sont soldées par la mort de deux étudiants. Le ministre et président de la Commission nationale des télécommunications (Conatel), Diosdado Cabello, avait envisagé de recevoir les représentants des médias concernés en début de semaine. Qu’en est-il? Enfin et surtout, pourquoi vouloir à tout prix imposer les « cadenas » présidentielles à autant de chaînes quand une seule pourrait suffire? Entre le 2 février 1999, date de son investiture, et le 21 janvier 2010, Hugo Chávez est intervenu 1 988 fois dans ce cadre pour une durée totale équivalente à cinquante-cinq jours sans interruption. Ce décompte n’inclut pas l’émission dominicale « Aló Presidente » que le chef de l’État anime lui-même sur la principale chaîne d’État Venezolana de Televisión (VTV).