(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée à la présidente de la République, Mireya Moscoso, RSF a protesté contre l’interpellation d’Ubaldo Davis, Herbert Rattry et Joel DÃaz, responsables de l’hebdomadaire « La Cáscara News ». Les trois hommes sont poursuivis pour « atteinte à l’honneur » par la Présidente et Winston Spadafora, le ministre de l’Intérieur et de la Justice. […]
(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée à la présidente de la République, Mireya Moscoso, RSF a protesté contre l’interpellation d’Ubaldo Davis, Herbert Rattry et Joel DÃaz, responsables de l’hebdomadaire « La Cáscara News ». Les trois hommes sont poursuivis pour « atteinte à l’honneur » par la Présidente et Winston Spadafora, le ministre de l’Intérieur et de la Justice. L’organisation a demandé à Moscoso qu’elle retire sa plainte et que les charges qui pèsent contre les trois professionnels de la presse soient abandonnées. « Il est choquant que deux des journalistes aient été arrêtés de nuit à leur domicile pour un simple article humoristique », a souligné Robert Ménard, secrétaire général de RSF. Ce dernier a rappelé que, d’après Abid Hussain, rapporteur spécial des Nations unies sur la promotion et la protection du droit à la liberté d’opinion et d’expression, « l’emprisonnement en tant que condamnation de l’expression pacifique d’une opinion constitue une violation grave des droits de l’homme ». De même, l’article 11 de la Déclaration de principes sur la liberté d’expression adoptée par la Commission interaméricaine des droits de l’homme stipule que « les lois qui punissent les outrages infligés à un fonctionnaire ⦠portent atteinte à la liberté d’expression ». Dans sa lettre, RSF s’est également inquiétée de l’interpellation de trois autres journalistes dans le cadre de cette affaire.
Selon les informations recueillies par RSF, Davis et Rattry, responsables de l’hebdomadaire satirique « La Cáscara News », ont été arrêtés à leur domicile dans la nuit du 19 septembre 2001. Le lendemain, DÃaz, qui travaille aussi pour l’hebdomadaire, a également été arrêté. Les trois journalistes sont poursuivis par le ministre de l’Intérieur et de la Justice, Spadafora, et la présidente Moscoso pour « diffamation ». D’après l’avocat de Davis, Roberto Murgas, ils sont également poursuivis pour « atteinte à la sûreté juridique de l’Etat ». Dans son premier numéro, publié quelques jours plus tôt, l’hebdomadaire avait publié un article humoristique sur les relations amoureuses présumées de Moscoso avec son ancien ministre de la santé, José Terán, et avec Spadafora. Le journal publiait également deux photomontages représentant la Présidente enlacée avec ses ministres.
Le 19 septembre, l’hebdomadaire a été interdit au motif que ses responsables n’avaient pas respecté la loi 11 du 10 février 1978 sur les formalités à remplir pour publier un nouveau journal. Davis, Rattry et DÃaz ont été libérés dans l’après-midi du 21 septembre. D’après Murgas, la détention de Davis et Rattry pendant plus de 24 heures était illégale et leurs droits n’ont pas été respectés. Les trois hommes risquent maintenant jusqu’à deux ans de prison selon l’article pour « diffamation ». Toujours d’après Murgas, le crime d' »atteinte à la sûreté juridique de l’Etat » peut-être sanctionné par des peines allant jusqu’à vingt ans de prison. Peu après sa libération, Davis a annoncé qu’il présenterait ses excuses à Moscoso et que, le 24 septembre, sortirait le deuxième numéro de « La Cáscara News », après que toutes les formalités administratives auront été remplies.
Delmiro Quiroga, caricaturiste de « La Cáscara News », et Ramon Boutrich ont également été brièvement interpellés, le 20 septembre, pour être interrogés sur leur participation présumée à la publication de l’hebdomadaire. Un sixième journaliste, Samid Botello, cameraman de la chaîne de télévision Canal 13, a été brièvement interpellé alors que des heurts avaient éclaté entre policiers et journalistes devant les locaux du commissariat où étaient détenus deux des trois responsables de « La Cáscara News ».