Abdel Ghani Kaake aurait été directement visé par les forces de sécurités syriennes, qui lui ont ordonné d’arrêter de filmer quelques instants avant qu’il ne soit touché.
(RSF/IFEX) – Le 7 mai 2012 – Reporters sans frontières a appris avec effroi la mort du citoyen-journaliste Abdel Ghani Kaake, le 4 mai 2012, délibérément visé lors d’une manifestation dans le quartier de Salah Al-Din, à Alep, au nord-ouest de la Syrie.
“Nous condamnons fermement cet assassinat qui illustre combien le régime de Bachar Al-Assad fait fi des dispositions du plan de cessez-le-feu prévu par l’ancien secrétaire général de l’Onu Kofi Annan. Le nom d’Abdel Ghani Kaake vient grossir les rangs de ceux qui ont payé de leur vie leurs efforts pour informer le monde sur ce qui se passe en Syrie. Nous souhaitons apporter nos plus sincères condoléances à sa famille et à ses proches”, a déclaré Reporters sans frontières.
Le citoyen-journaliste a été atteint d’une balle dans le cou alors qu’il filmait une manifestation à Alep. Il aurait été directement visé par les forces de sécurités syriennes, qui lui ont ordonné d’arrêter de filmer quelques instants avant qu’il ne soit touché. Transporté en urgence dans un hôpital de fortune, il a rapidement succombé de sa blessure.
Abdel Ghani Kaake, âgé de 19 ans seulement, avait pris l’habitude de filmer les manifestations de l’opposition et de diffuser ses vidéos sur Internet, ce qui lui avait déjà valu plusieurs arrestations. Il a été enterré le jour-même dans son village natal de Tel Nassibine, dans la province d’Alep.
Il s’agirait du sixième citoyen-journaliste tué depuis le début de l’année 2012. Au mois d’avril, au moins quatre citoyens-journalistes avaient trouvé la mort en Syrie, en plus du caméraman libanais Ali Chaabane, à la frontière libanaise.
Reporters sans frontières rappelle que Bachar Al-Assad figure sur la liste des 41 prédateurs de la liberté de la presse.
Par ailleurs, le citoyen-journaliste Ali Mahmoud Othman, arrêté le 28 mars 2012, est apparu, le 28 avril dernier, à la télévision syrienne, interviewé dans le cadre d’une émission prétendant révéler les “secrets de Baba Amro”, quartier de Homs temporairement passé aux mains des insurgés et où les journalistes Rémi Ochlik et Marie Colvin avaient trouvé la mort le 22 février dernier.
Reporters sans frontières dénonce cette mise en scène macabre et les aveux forcés, dignes des pratiques de la République islamique d’Iran. D’après les informations recueillies, Ali Mahmoud Othman aurait été soumis à de terribles tortures par les services de renseignements depuis son arrestation.