(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières est profondément choquée par la mort de Brad Will, caméraman américain de l’agence Indymedia, lors de la répression d’une manifestation d’instituteurs par la police municipale de Oaxaca (Sud), le 27 octobre 2006. Osvaldo Ramírez, photographe du quotidien « Milenio », a été blessé lors de la fusillade mais il est heureusement hors […]
(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières est profondément choquée par la mort de Brad Will, caméraman américain de l’agence Indymedia, lors de la répression d’une manifestation d’instituteurs par la police municipale de Oaxaca (Sud), le 27 octobre 2006. Osvaldo Ramírez, photographe du quotidien « Milenio », a été blessé lors de la fusillade mais il est heureusement hors de danger.
« Le gouverneur de l’Etat de Oaxaca, Ulises Ruiz Ortiz, dont les manifestants réclamaient la démission, s’était déjà fait remarquer l’an dernier en envoyant ses sbires bloquer la rédaction du quotidien « Noticias de Oaxaca » pendant près de six mois. Nous sommes horrifiés par cette escalade de violence qui a cette fois coûté la vie à un jeune journaliste. Nous demandons que le nouveau parquet spécialisé dans les attaques contre la presse soit saisi de l’affaire et convoque le gouverneur. Nous demandons également qu’une commission d’enquête fédérale fasse la lumière sur les agissements d’Ulises Ruiz Ortiz et de la police municipale de Oaxaca, reconvertie en véritable milice à la solde des autorités locales. Le climat d’insurrection à Oaxaca doit prendre fin », a déclaré Reporters sans frontières.
Caméraman de l’agence de presse Indymedia, originaire de l’Illinois, Bradley Wheyler dit Brad Will a été tué dans la soirée du 27 octobre 2006 d’une balle en pleine poitrine alors qu’il couvrait une manifestation de l’Assemblée populaire des peuples de Oaxaca (APPO), qui regroupe 70 000 instituteurs et travailleurs sociaux, en guerre ouverte contre le gouverneur de l’Etat Ulises Ruiz Ortiz.
Le jeune journaliste, qui a succombé lors de son transport à l’hôpital, a été abattu devant le palais municipal de Santa Lucia del Camino (à 15 kilomètres de la ville de Oaxaca), lorsque la police municipale et les hommes de main du gouverneur ont ouvert le feu contre une barricade dressée par les manifestants. A douze reprises, des affrontements ont eu lieu en ville et en périphérie, selon l’Agence France-Presse, au cours desquels deux autres personnes ont été tuées. Le conflit entre l’APPO, qui réclame des revalorisations de salaires, et les autorités de l’Etat, s’était déjà soldé par cinq morts dans les rangs des manifestants les jours précédents.
Au cours des affrontements du 27 octobre, un photographe du quotidien national « Milenio », Osvaldo Ramírez, a été blessé d’une balle à la jambe gauche. Il a heureusement pu être soigné rapidement.
Le policier municipal Juan Carlos Soriano, Manuel Aguilar, chef du personnel de la municipalité de Santa Lucia del Camino, Abel Santiago Zárate, régisseur de la Sécurité publique et militant du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI), et Pedro Carmona, un ancien paramilitaire, ont été identifiés comme les auteurs présumés des coups de feu qui ont coûté la vie au cameraman Brad Will, 36 ans. Les quatre hommes ont tiré sur une barricade dressée par des instituteurs de l’Assemblée populaire des peuples de Oaxaca (APPO), qui réclame depuis plusieurs mois la destitution du gouverneur de l’Etat de Oaxaca, Ulises Ruiz Ortiz. Plusieurs habitants de Santa Lucia del Camino ont formellement reconnu les trois fonctionnaires. La municipalité, de son côté, a confirmé qu’ils étaient bien les auteurs des tirs. Un cinquième homme serait impliqué dans la mort du journaliste. Manuel Aguilar, Abel Santiago Zárate et Pedro Carmona ont été arrêtés, selon Indymedia.
Etat pauvre du Mexique, Oaxaca est le théâtre d’une agitation sociale depuis plus d’un an. Le mouvement des instituteurs, qui a débuté le 22 mai, s’est radicalisé le 14 juin avec la demande de destitution du gouverneur Ulises Ruiz Ortiz.