Vadim Khartchenko est tombé dans un piège : c’est sous prétexte de rencontrer une source qu’il a été attiré en pleine nuit dans un quartier peu fréquenté de Krasnodar, le 1er juin dernier.
Cet article a été initialement publié sur rsf.org le 4 juin 2019.
Vadim Khartchenko est tombé dans un piège : c’est sous prétexte de rencontrer une source qu’il a été attiré en pleine nuit dans un quartier peu fréquenté de Krasnodar, le 1er juin dernier. Ne trouvant personne sur le lieu du rendez-vous, le blogueur allait quitter les lieux, quand il a été assailli par deux individus qui l’ont frappé à la tête et lui ont infligé deux coups de couteau et trois blessures de pistolet de défense. “Vadim, pars d’ici !” lui ont intimé ses agresseurs avant de l’abandonner.
Le blogueur a réussi à rejoindre un hôpital, avant de rendre publique son agression deux jours plus tard. Trois doigts de sa main droite sont toujours paralysés. Le soit-disant informateur avec lequel il avait rendez-vous se présentait comme un policier : il lui avait promis des éléments compromettants sur les pratiques illégales de ses collègues.
“L’agression de Vadim Khartchenko est d’autant plus préoccupante que l’intimidation des journalistes critiques est devenue monnaie courante dans la région de Krasnodar, souligne Johann Bihr, responsable du bureau Europe de l’Est et Asie centrale de RSF. Il est grand temps de mettre un terme à cette impunité générale qui nourrit un climat délétère. Tout doit être mis en œuvre pour identifier rapidement les exécutants et éventuels commanditaires de cette attaque.”
La chaîne YouTube de Vadim Khartchenko, “Litchnoe Mnenie” (Avis personnel), est populaire dans la région de Krasnodar. Le blogueur, critique des autorités, couvre en particulier les scandales politico-judiciaires, l’action des forces de l’ordre et les autres problèmes de la région. Il avait déjà été agressé en 2017 et sa voiture avait été incendiée l’année suivante.
Malgré de multiples résolutions des Nations-Unies exigeant des États qu’ils mènent des enquêtes “impartiales, complètes, indépendantes, rapides et efficaces” sur les violences commises contre les journalistes, l’impunité reste un problème récurrent en Russie. Le pays occupe la 149e place sur 180 au Classement 2019 de la liberté de la presse.