(RSF/IFEX) – RSF a protesté contre l’arrestation de Ángel Pablo Polanco, de l’agence indépendante Servicio Noticuba, le 30 juillet 2002. Dans une lettre adressée à Fidel Castro, chef de l’État cubain, l’organisation a demandé la libération immédiate et inconditionnelle du journaliste. « Cette arrestation démontre que les journaliste indépendants constituent l’une des cibles privilégiées de la […]
(RSF/IFEX) – RSF a protesté contre l’arrestation de Ángel Pablo Polanco, de l’agence indépendante Servicio Noticuba, le 30 juillet 2002. Dans une lettre adressée à Fidel Castro, chef de l’État cubain, l’organisation a demandé la libération immédiate et inconditionnelle du journaliste. « Cette arrestation démontre que les journaliste indépendants constituent l’une des cibles privilégiées de la répression qui vise l’opposition cubaine », a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de RSF. Ce dernier a rappelé que « Cuba est le seul pays d’Amérique latine où des journalistes sont encore emprisonnés ». L’organisation a également exigé la libération des journalistes indépendants Carlos Alberto Domínguez, Lester Téllez Castro, Carlos Brizuela Yera et Bernardo Arévalo Padron, incarcéré depuis novembre 1997.
Selon les informations recueillies par RSF, Polanco a été arrêté à son domicile de La Havane, le 30 juillet. Des agents de la sécurité d’État se sont présentés chez le journaliste dans la matinée du 30 juillet et ont fouillé les lieux pendant plusieurs heures. Selon la femme du journaliste, Angela Salinas, les policiers ont saisi du matériel technique, ainsi que de nombreux documents et de l’argent. Puis, aux alentours de 21 heures (heure local), ils ont procédé à l’arrestation du journaliste, sans en préciser le motif et sans présenter de mandat. Devant le refus de Polanco de les suivre, les hommes de la sécurité d’État l’ont emmené de force. Le journaliste a été emprisonné au quartier général de la sécurité d’État à Villa Maristas, à La Havane. Son épouse, qui a été autorisée à lui rendre visite le 6 août, a affirmé ne pas savoir si un quelconque chef d’inculpation avait été retenu à l’encontre de son mari. La veille, deux opposants avaient également été arrêtés. Ces arrestations ont eu lieu alors qu’une journée de protestation contre le gouvernement de Castro fut prévue pour le 5 août à l’appel des organisations d’opposition. Le 23 février 2000, Polanco avait été arrêté par deux officiers de la sécurité d’État après avoir publié des informations sur les poursuites engagées à l’encontre de Oscar Elias Biscet, président de la Fondation Lawton (consulter l’alerte de l’IFEX du 25 février 2000). Il avait déjà été interpellé à cinq reprises en 1999 (consulter d’alertes de l’IFEX du 15 novembre et 9 septembre).
Le 4 mars 2002, Téllez Castro, directeur de l’agence Agencia de Prensa Libre Avileña (APLA), et Brizuela Yera, collaborateur de l’agence Colegio de Periodistas Independientes de Camaguey, ont été frappés puis interpellés, avec huit militants des droits de l’homme, par des agents des forces de l’ordre. Les deux journalistes ont été interpellés alors qu’ils se rendaient au chevet de Jesús Alvarez Castillo, correspondant de l’agence Cuba Press à Ciego de Avila (Centre), hospitalisé après avoir été violemment agressé par des agents des forces de l’ordre. Téllez Castro se trouve actuellement dans la prison de Canaleta, à Ciego de Avila. Brizuela Yera est incarcéré dans un centre de détention de la province de Holguín (Est). Les deux hommes devraient être inculpés pour « outrage », « trouble de l’ordre dans une institution médicale » et « refus d’obtempérer » (consulter d’alertes de l’IFEX du 15 mai, 15 et 7 mars 2002).
Le 23 février, Domínguez, de l’agence indépendante Cuba Verdad, a été arrêté à son domicile par quatre agents de la sécurité d’État. Il a été incarcéré dans un premier temps à La Havane, dans un centre du Département technique des investigations (DTI, police judiciaire), organe du ministère de l’Intérieur, réputé pour les mauvais traitements qui y sont infligés aux détenus. Dans ce contexte, l’état de santé du journaliste, qui souffre de migraines et d’hypertension artérielle, s’est sensiblement dégradé. Depuis le 29 mars, il est incarcéré dans la prison Valle Grande de La Havane. Le journaliste serait inculpé de « troubles de l’ordre public » et « refus d’obtempérer ». On lui reprocherait également d’avoir participé à l’organisation de manifestations, prévues le 24 février, en vue de commémorer la mort de quatre pilotes de l’association Hermanos al rescate, une organisation de Cubains en exil, abattus par des chasseurs cubains le 24 février 1996 (consulter d’alertes de l’IFEX du 2 juillet, 15 mai et 18 mars 2002).
Enfin, RSF a rappelé que Arévalo Padron, fondateur de l’agence de presse indépendante Línea Sur Press, a été condamné en appel, le 28 novembre 1997, à six ans de prison pour « outrage » envers le président Castro et le vice-président Carlos Lage. Interviewé par une radio de Miami, le journaliste les avait qualifiés de « menteurs », leur reprochant de ne pas se conformer aux engagements démocratiques signés lors d’un précédent Sommet ibéro-américain. Le journaliste est actuellement détenu dans le camp de travail n°16, dans la province de Cienfuegos. Ses demandes de liberté conditionnelle ont été rejetées à plusieurs reprises (consulter d’alertes de l’IFEX du 15 mai, 23 et 17 janvier 2002, 4 juillet, 4 mai, 12 avril, 26 et 12 mars et 20 février 2001, 25 juillet et 11 avril 2000, 10 décembre, 22 octobre, 17 juin et 29 janvier 1999 et 21 septembre 1998).
A Cuba, seule la presse officielle est autorisée. Interdits de publier dans leur pays, une centaine de journalistes indépendants comptent sur les associations de Cubains exilés aux États-Unis pour diffuser leurs informations, le plus souvent sur des sites Internet. En 2001, RSF a recensé près d’une centaine de cas de pressions ou d’intimidations (menaces, agressions, convocations par la police, placements en résidence surveillée, pressions sur la famille, etc.) contre ces journalistes. Les autorités ont également procédé à vingt-neuf interpellations. Poussés à bout, une cinquantaine de journalistes indépendants ont dû s’exiler depuis 1995.