(RSF/IFEX) – Lahcen Aouad, journaliste de l’hebdomadaire « Assahifa Al Ousbouia », a été agressé, le 9 décembre 2004 à Rabat, par des membres des forces de l’ordre. Mohammed Bouhcini, collaborateur du magazine hebdomadaire « Tel Quel », a été interpellé et inculpé de « trafic de drogue » après avoir servi de guide à une journaliste qui réalisait un reportage […]
(RSF/IFEX) – Lahcen Aouad, journaliste de l’hebdomadaire « Assahifa Al Ousbouia », a été agressé, le 9 décembre 2004 à Rabat, par des membres des forces de l’ordre. Mohammed Bouhcini, collaborateur du magazine hebdomadaire « Tel Quel », a été interpellé et inculpé de « trafic de drogue » après avoir servi de guide à une journaliste qui réalisait un reportage sur les circuits de drogue dans la région du Rif central.
RSF condamne fermement le recours à la violence contre un journaliste ainsi qu’une instrumentalisation de la justice en vue d’intimider les professionnels des médias.
L’organisation demande aux autorités de mener une enquête sérieuse et approfondie afin que les auteurs de l’agression contre Aouad soient identifiés et punis dans les meilleurs délais.
RSF demande par ailleurs aux autorités marocaines de produire les preuves de la culpabilité de Bouhcini ou d’ordonner sa libération immédiate.
Un journaliste agressé par les forces de l’ordre
Le 9 décembre dernier, à Rabat, des diplômés-chômeurs marocains ont organisé une marche, du Parlement au siège du Premier ministre, pour « revendiquer leur droit légitime et légal au travail ». Le journaliste Aouad couvrait l’événement pour « Assahifa Al Ousbouia ».
Les nombreux policiers présents sur les lieux lui ont réclamé à plusieurs reprises sa carte de presse. Il a d’abord été insulté et menacé pour qu’il quitte les lieux. Alors qu’il photographiait des manifestants tabassés par les forces de l’ordre, le journaliste a été victime, à son tour, de coups de pied et de bâton. Les policiers ont même essayé de lui prendre son appareil photo. Aouad souffre aujourd’hui de multiples contusions à la cuisse et à la tête, qui lui valent un arrêt de travail de 22 jours.
Le collaborateur d’un média incarcéré
Après avoir passé une semaine dans les montagnes du Rif pour un reportage sur le trafic de drogue, la journaliste du magazine « Tel Quel », Chadwane Bensalmia, est rentrée à sa rédaction à Casablanca, le 12 décembre 2004. Le jour même, Bouhcini, son collaborateur à Ouezzane (à environ 220 km de Casablanca), a reçu des menaces anonymes sur son portable pour avoir servi de guide à la journaliste.
Le 13 décembre , ce dernier a été convoqué au bureau du commissaire principal de Ouezzane pour apprendre qu’un prisonnier, condamné pour trafic de drogue, l’accusait de lui avoir livré du haschich. Pourtant, comme les registres l’attestent, Bouhcini n’a jamais mis les pieds dans la prison de Ouezzane. Suite à ce témoignage, le collaborateur a été écroué dans la même prison que le plaignant. Depuis ce jour, Bouhcini est incarcéré sans qu’aucune plainte ait été déposée contre lui.
Fait exceptionnel, c’est le procureur du Roi en personne, Yassine Oumama, qui a demandé que le collaborateur soit présenté au juge d’instruction. Bouhcini risque jusqu’à huit ans de détention si l’accusation de trafic de drogue est retenue. Trois demandes de mise en liberté provisoire ont été rejetées.
Joint par téléphone, Ahmed R. Benchemsi, directeur de la rédaction à « Tel Quel », a déclaré à RSF que « l’incarcération de Mohammed Bouhcini est une atteinte flagrante à la liberté d’informer. [. . .] Inquiéter les sources et les contacts des journalistes est une nouvelle méthode pour les intimider et les empêcher de faire leur travail ».
Plusieurs rédactions marocaines, dont « Al Ayyam », « Al Ahdath », « Al Maghribiya » et « Le Journal Hebdomadaire », ont rallié un mouvement de solidarité qui demande la libération de Bouhcini.