(RSF/IFEX) – Ci-dessous, un communiqué de presse du RSF, daté du 30 mai 2001: PANAMA Un journaliste condamné à seize mois de prison Dans une lettre adressée à monsieur Wilfredo Sáenz, président de la deuxième cour d’appel de Panama, Reporters sans frontières (RSF) s’est inquiété de la condamnation pour « diffamation » à seize mois de prison, […]
(RSF/IFEX) – Ci-dessous, un communiqué de presse du RSF, daté du 30 mai 2001:
PANAMA
Un journaliste condamné à seize mois de prison
Dans une lettre adressée à monsieur Wilfredo Sáenz, président de la deuxième cour d’appel de Panama, Reporters sans frontières (RSF) s’est inquiété de la condamnation pour « diffamation » à seize mois de prison, commuable en une peine d’amende de 1 000 balboas (environ 1 100 euros), de Marcelino Rodríguez, ancien journaliste du quotidien El Siglo. L’organisation a demandé qu’aucune peine de prison ne soit prononcée en appel contre le journaliste. « Les peines de prison pour des délits de presse doivent être définitivement écartées car elles contraignent les journalistes à l’autocensure », a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de RSF. Ce dernier a rappelé que dans un texte adopté en janvier 2000, le Rapporteur spécial sur la promotion et la protection du droit à la liberté d’opinion et d’expression des Nations unies a clairement établi que « l’emprisonnement en tant que condamnation de l’expression pacifique d’une opinion constitue une violation grave des droits de l’homme. »
Selon les informations recueillies par RSF, Marcelino Rodríguez a été condamné pour « diffamation », le 23 mai de 2001, à seize mois de prison, commuable en une peine d’amende de 1 000 balboas, et à l’interdiction d’exercer une fonction publique pendant la même durée. L’avocat du journaliste a annoncé qu’il allait faire appel de la condamnation. Le journaliste était poursuivi par Alma Montenegro de Fletcher, procureur de l’administration [représentant de l’État dans les actions intentées contre l’administration]. Dans deux articles publiés les 1er et 3 août 1998 dans le quotidien El Siglo, le journaliste avait affirmé, à tort, que la représentante de l’État était propriétaire d’une maison dans la zone du canal de Panamá anciennement sous contrôle américain. Dans un correctif, le journaliste avait précisé que les autorités responsables de la zone avaient refusé de confirmer ou d’infirmer l’information. Alma Montenegro de Fletcher avait considéré que la publication de celle-ci « portait atteinte à son honneur ». Considérant qu’il n’y avait pas eu intention de nuire de la part du journaliste, le juge chargé de l’instruction de la plainte avait demandé, en première instance, l’abandon des poursuites contre Marcelino Rodríguez.
Dans un communiqué de presse, publié en décembre 2000, RSF avait recommandé aux autorités panaméennes de tout mettre en oeuvre afin que les peines de prison pour délits de presse soient supprimées de la législation. L’organisation avait rappelé que la disproportion entre la peine et le délit a, sur le journaliste, un effet inhibiteur qui porte atteinte à son droit d’informer et à celui de la société à être informée. Une soixantaine de professionnels des médias sont actuellement poursuivis pour avoir diffamé ou outragé des représentants de l’État. Plusieurs plaintes émanent du seul procureur général de la Nation, José Antonio Sossa, qui s’est ainsi converti en une véritable « bête noire » de la presse.