(RSF/IFEX) – Ci-dessous, un communiqué de presse de RSF daté du 6 mars 2003 : Un journaliste emprisonné frappé par un gardien Le « Che » censuré au dernier Festival du Havane Reporters sans frontières est vivement préoccupée par les conditions de détention du journaliste Carlos Brizuela Yera, incarcéré depuis un an et qui rapporte avoir été […]
(RSF/IFEX) – Ci-dessous, un communiqué de presse de RSF daté du 6 mars 2003 :
Un journaliste emprisonné frappé par un gardien
Le « Che » censuré au dernier Festival du Havane
Reporters sans frontières est vivement préoccupée par les conditions de détention du journaliste Carlos Brizuela Yera, incarcéré depuis un an et qui rapporte avoir été frappé par un gardien. « De tels actes de violence sont injustifiables. Nous vous demandons de nouveau la libération immédiate de Carlos Brizuela Yera et celle des trois autres journalistes actuellement emprisonnés dans votre pays », a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de l’organisation, dans une lettre adressée au président Fidel Castro.
Reporters sans frontières a également réagi à la saisie de la dernière édition du trimestriel français L’Amateur de Cigare lors du dernier Festival du Havane qui publiait un dessin représentant le Che avec des oreilles de Mickey Mouse. « On savait que le régime ne supportait pas la critique. Cette décision montre également son intolérance à l’égard de toute expression humoristique. C’est une décision absurde et ridicule », a commenté Robert Ménard.
Selon une note publiée le 4 mars 2003 sur le site cubanet.org, le journaliste Carlos Brizuela Yera, collaborateur de l’agence indépendante Colegio de Periodistas Independientes de Camagüey (CPIC), actuellement détenu au Provisional Provincial de Holguín (Est), a été frappé et insulté par un gardien le 31 janvier dernier. Dans une lettre adressée le 19 février à Normando Hernández, directeur de l’agence CPIC, et dont Reporters sans frontières s’est procuré une copie, Carlos Brizuela Yera affirme avoir été frappé alors qu’il réclamait la restitution d’un exemplaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme et d’un rapport de Reporters sans frontières qui lui avaient été confisqués le jour même. Suite à l’altercation, les autorités carcérales ont suspendu les visites conjugales des deux prochains mois auxquelles le journaliste a le droit.
Carlos Brizuela Yera avait été arrêté le 4 mars 2002 à Ciego de Ávila (Centre), avec son collègue Lester Téllez Castro, directeur de la Agencia de Prensa Libre Avileña (APLA), et huit militants des droits de l’homme, alors qu’ils protestaient contre l’agression par des policiers d’un journaliste de l’agence Cuba Press. Le 27 août, le parquet de Ciego de Ávila a requis six ans de prison contre Téllez Castro et cinq ans contre Brizuela Yera pour « outrage à fonctionnaire », « désordre public », « résistance à l’autorité » et « désobéissance ». Deux autres journalistes sont actuellement détenus à Cuba : Bernardo Arévalo Padron, de l’agence Línea Sur Press, condamné en novembre 1997 à six ans de prison pour « outrage » au chef de l’Etat et au vice-président ; et Carlos Alberto Domínguez, détenu depuis le 23 février 2002 sans qu’aucune charge précise n’a été formulée contre lui.
Par ailleurs, le 25 février 2003, lors du cinquième Festival du Havane (24-28 février) qui se tenait à La Havane, des policiers ont saisi la dernière édition du trimestrielle L’Amateur de cigare présentée sur son stand. Selon Jean-Paul Kauffman, directeur de la revue, la direction de Habanos SA, la société organisatrice du festival, a expliqué avoir elle-même demandé la saisie de la revue dans laquelle apparaît un dessin représentant le Che avec des oreilles de Mickey Mouse. Une décision qualifiée de « ubuesque » par la direction de L’Amateur de Cigare qui s’étonne par ailleurs « du comportement répressif » d’Habanos SA, « une société vouée en principe à des objectifs commerciaux ». Le Festival du Havane réunit chaque année les professionnels de l’industrie du cigare.
Dans un rapport publié en décembre 2002 et intitulé « L’information, chasse gardée de l’Etat » (disponible sur www.rsf.org), Reporters sans frontières analyse la répression quotidienne dont est victime la presse indépendante dans un pays où seule la presse officielle est autorisée. En novembre 1998, le gouvernement avait interdit à la vente plusieurs publications étrangères au motif qu’elles « portaient atteinte » à l' »idéologie » et à la « culture » cubaines.