Depuis le 13 octobre 2009, Darsi Ferrera a entamé une grève de la faim pour protester contre les conditions de sa détention.
(RSF/IFEX) – Ce 15 octobre 2009 marque le quatre-vingtième jour de « détention préventive » pour le médecin et journaliste dissident Darsi Ferrer, incarcéré à la prison de Valle Grande, à La Havane. Dans une lettre ouverte, Yusnaimy Jorge, son épouse, dénonce les circonstances de son emprisonnement.
« Voilà trois mois que le parquet le maintient en détention préventive, sans tenir compte du fait que le code de procédure pénale établit que la prison préventive n’est applicable que lorsque le délit est particulièrement grave, qu’il a une haute incidence sur le territoire, ou qu’il y a un risque que l’accusé tente d’échapper à la justice. Aucune de ces conditions n’est remplie dans le cas de Darsi », a écrit Yusnaimy Jorge, citée par le site Cubanet.
Darsi Ferrer est accusé de s’être approprié illégalement du matériel de rénovation pour sa maison, ce qu’il a toujours nié. Selon la loi concernant ce type de délit, le jugement aurait dû avoir lieu au plus tard soixante jours après l’arrestation. Depuis le 13 octobre, Darsi Ferrer a entamé une grève de la faim pour protester contre les conditions de sa détention. Le 9 septembre, souffrant de décalcification lui provoquant de sévères douleurs dentaires, il s’était vu refuser une demande de traitement médical. Le directeur de la prison s’était justifié prétextant qu’il n’obtenait pas les autorisations nécessaires de la part des services de contre-espionnage!
« Les motifs de l’incarcération de Darsi Ferrer ne sont plus à prouver, après 80 jours d’une détention qui va à l’encontre des propres lois du pays. Alors que sur le plan diplomatique, Cuba souhaite présenter un visage d’ouverture progressive et de dialogue, la situation intérieure en matière de libertés publiques ne connaît aucune évolution favorable. La situation des journalistes et des blogueurs cubains ne s’améliore pas, loin s’en faut.
Vingt-cinq d’entre eux sont toujours emprisonnés, certains condamnés à des peines allant jusqu’à vingt-sept ans de réclusion. Parmi eux, le correspondant de Reporters sans frontières, Ricardo González Alfonso, purge depuis mars 2003 une peine de vingt ans de prison », a déclaré Reporters sans frontières.
Ces derniers mois, les menaces à l’encontre des journalistes indépendants se sont multipliées. Le 12 octobre, Yoel Espinosa Medrano, journaliste indépendant, a été menacé de mort par des militants du parti unique.
A l’occasion d’un séminaire organisé par le Réseau de communicateurs indépendants, le 2 octobre, la sécurité de l’État a encerclé la maison où était organisé l’événement afin de bloquer tout accès. Plusieurs journalistes dissidents ont été brièvement détenus. Un appareil photo, des cartes mémoire et des carnets de notes leur ont été confisqués. Pour toute réponse à leurs protestations, ils ont obtenu cette affirmation d’un agent de l’unité de police: « Pour les dissidents, les lois n’existent pas ».
A cette liste non exhaustive des violations des libertés publiques, s’ajoute le refus de visa de sortie à la célèbre blogueuse Yoani Sánchez, qui devait se rendre aux États-Unis pour recevoir un prix. La jeune femme essuie donc un quatrième refus en ce sens de la part des autorités. Yoani Sánchez est proposée pour le prix Reporters sans frontières 2009 dans la catégorie cyberliberté.
Cuba occupe la 169e place, sur 173 pays, dans le classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières pour l’année 2008.