Le journaliste et écrivain irlandais Finian Cunningham, résidant au Bahreïn depuis des années, a été "invité à quitter" le territoire par les autorités étatiques.
(RSF/IFEX) – Le 22 juin 2011 – RSF souligne les derniers développements au Bahreïn, en Syrie et au Yémen:
BAHREÏN
Le journaliste et écrivain irlandais Finian Cunningham, résidant au Bahreïn depuis des années, a été « invité à quitter » le territoire par les autorités bahreïnies, a appris Reporters sans frontières. Il a regagné l’Irlande le 19 juin. Depuis l’avènement du mouvement pro-démocratique dans le Royaume à la mi-février, le journaliste avait activement commenté l’actualité dans le pays, notamment la répression orchestrée par les autorités, n’hésitant pas à répondre à de nombreuses interviews.
Finian Cunningham a confié à Reporters sans frontières avoir été informé que son visa touristique, qui devait expirer en juillet prochain, venait d’être annulé du fait de ses activités journalistiques. Les autorités lui ont donné 48 heures pour quitter le pays, sans quoi il pouvait être convoqué pour interrogatoire.
Par ailleurs, le procès du photographe Jameel Hassan Al-Shuwaikh s’est ouvert le 14 juin dernier devant une cour militaire. Il est poursuivi pour « avoir pris des photos dans le but de changer et fabriquer des faits », et les avoir envoyées à des organisations étrangères situées en dehors du pays, afin de discréditer le régime. Ce photographe de l’association d’opposition Al-Wefaq avait été arrêté le 21 avril dernier dans la ville de Sar, après que des agents des forces de sécurité et des individus masqués aient encerclé son véhicule et l’aient contraint d’en descendre. Ses proches n’ont pas pu lui rendre visite en détention.
Reporters sans frontières a également appris la libération, le 16 juin, du photographe Nedhal Nooh, membre de la Bahrain Society of Photography, arrêté le 18 mai dernier.
L’organisation rappelle néanmoins que Hassan Salman Al-Ma’atooq, photographe et infirmier de 29 ans, arrêté le 23 mars dernier, a été condamné, le 12 mai dernier, par une cour militaire, à une peine de trois ans de prison ferme. Quatre chefs d’inculpation ont été retenus à son encontre, parmi lesquels deux sont liés à sa profession de photographe: « fabrication d’images de blessés » et « diffusion de fausses images et fausses informations ».
L’organisation rappelle que de nombreux journalistes, photographes et cyberdissidents sont actuellement emprisonnés au Bahreïn. Sont toujours détenus:
– Faysal Hayyat, Ali Jawad, Abdullah Alawi et Jassem Al-Sabbagh, arrêtés après avoir dû démissionner du journal Al-Bilad.
– Ali Omid, Hani Al-Tayf, Fadel Al-Marzouk, Hossein Abdalsjad Abdul Hossein Al-Abbas, Jaffar Abdalsjad Abdul Hossein Al-Abbas, Hamza Ahmed Youssef Al-Dairi et Ahmed Youssef Al-Dairi, administrateurs et modérateurs de forums.
– Hossein Abbas Salem, photographe.
– Abbas Al-Murshid, journaliste freelance et écrivain, qui contribue également à plusieurs forums en ligne, arrêté le 16 mai dernier.
– Mohamed Salman Al-Sheikh, président de la Bahrain Society of Photography (Société de photographie du Bahreïn), arrêté le 11 mai 2011.
– Mohamed Ali Al-Aradi, photographe pour le journal Al-Bilad, arrêté le 8 mai dernier
– Abdullah Hassan, arrêté le 14 mai 2011, qui travaillait jusqu’à récemment pour le journal Al-Watan, avant d’être licencié.
– Hussein Ali Makki, administrateur des pages Facebook et Twitter de Rasad News, une importante source d’informations sur les violations des droits de l’homme au Bahreïn, arrêté le 9 juin.
SYRIE
Malgré l’ampleur de la répression actuelle, Reporters sans frontières est soulagée d’apprendre la libération du journaliste et blogueur syrien Jehad Jamal, connu sous le pseudonyme Milan, arrêté le 5 mai dernier à Alep dans le café Milan.
Alors que l’organisation était sans nouvelles du blogueur Kamal Sheikhou, elle a appris que son procès avait été reporté au 28 juillet prochain.
YEMEN
Reporters sans frontières condamne l’enlèvement du journaliste Yahia Al-Thanaya, correspondant du site d’information Al-Sahwa.net, à un checkpoint proche de la base aérienne Al-Dailami, à quelques kilomètres de Sanaa, la nuit du 19 juin. Cet enlèvement survient quelques jours après la révélation, par ce journaliste, de l’existence d’un centre de détention secret installé dans cette base, dans laquelle le régime détiendrait, de façon arbitraire, certains militants. Reporters sans frontières demande la libération immédiate du journaliste.
Par ailleurs, le rédacteur en chef de l’hebdomadaire d’opposition Al-Wahdawi, Ahmed Saïd Nasser, a reçu des menaces par téléphone le 16 juin, suite à la publication d’articles considérés comme offensant le chef de l’Etat et sa famille. L’auteur de l’appel a également évoqué de potentielles menaces contre d’autres journalistes d’Al Wahdawi, suite à la publication de documents liés à l’assassinat d’Ibrahim Al-Hamdi, président du Yémen du Nord entre 1974 et 1977. Cet appel a fait suite à un autre appel téléphonique, cette fois-ci d’une personne se présentant comme fonctionnaire du ministère de l’Intérieur, qui accusait le journal d’avoir « dépassé les limites ». En outre, des exemplaires du journal, destinés aux villes de Taëz et Hodeidah, ont été saisis aux checkpoints à l’entrée de Sanaa et à l’entrée de Hodeidah. Selon un communiqué d’Al Wahdawi, il s’agit de la troisième confiscation d’exemplaires pour Taëz et Hodeidah par les forces de l’ordre depuis le début du mouvement de contestations.
Des soldats ont également confisqué le 19 juin dernier des copies de l’hebdomadaire indépendant Al-Nass publié à Sanaa. La veille, les forces de l’ordre avaient confisqué le quotidien Al-Oula à un checkpoint à l’entrée de Sanaa.